La clause de non concurrence dans un contrat de travail

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La clause de non concurrence dans un contrat de travail

Posté le 13/02/2024 - mis à jour le 13/02/2024

Définition et principes de base

La clause de non-concurrence est une stipulation du contrat de travail qui limite la liberté du salarié d'exercer une activité concurrente après la fin de son contrat. Cette clause a pour objectif de protéger les intérêts de l'entreprise, notamment ses secrets de fabrication, sa clientèle et ses informations financières.

Elle doit être limitée dans le temps et dans l'espace, et ne doit pas interdire toute activité professionnelle au salarié. De plus, elle doit être justifiée par les spécificités du poste occupé par le salarié et par les risques que sa démission pourrait engendrer pour l'entreprise, par exemple l'utilisation d'un savoir-faire spécifique ou l'accès à des informations sensibles.

Enfin, la clause de non-concurrence doit être assortie d'une contrepartie financière en faveur du salarié.

Exemple d'application dans le monde du travail

Clause de non-concurrence et rupture conventionnelle

La rupture conventionnelle, permettant à l'employeur et au salarié de convenir ensemble de la fin du contrat de travail, peut avoir des implications sur l'application de la clause de non-concurrence.

Lors de la conclusion de la rupture conventionnelle, l'employeur a la possibilité de renoncer à l'exécution de la clause de non-concurrence. Cette renonciation doit se faire au plus tard à la date de rupture fixée par la convention, même en présence de stipulations ou dispositions contraires. Si l'employeur souhaite effectuer cette renonciation, une communication claire et non équivoque doit être faite au salarié.

Il est conseillé de régler le sort de la clause de non-concurrence directement dans la convention de rupture, et de confirmer la levée de la clause par un acte séparé avant la date de rupture effective.

En l'absence de renonciation de la part de l'employeur, le salarié peut prétendre au versement de la contrepartie financière de la clause de non-concurrence, même si l'employeur a renoncé à cette clause dans la convention de rupture.

Application lors d'une démission

L'application de la clause de non-concurrence lors d'une démission a des spécificités. Premièrement, il est à noter que la clause reste valable après une démission et le salarié doit la respecter, sous peine de sanctions.

Cependant, l'employeur peut "lever" la clause lors du départ de son salarié. Si l'employeur décide de lever la clause, le salarié n'est pas tenu de respecter les restrictions de la clause et aucune contrepartie financière n'est versée.

Par ailleurs, dans le cas d'une démission, la clause du contrat qui prévoit une réduction de la contrepartie financière de l'obligation de non-concurrence est réputée non écrite. Cette règle s'applique même si elle est conclue en application d'une convention collective. Autrement dit, le mode de rupture du contrat (démission, licenciement, rupture conventionnelle) ne doit pas affecter le montant de l'indemnité de non-concurrence.

Concernant le non-respect de la clause de non-concurrence après une démission, cela peut être considéré comme une faute pouvant justifier un licenciement, voire une faute lourde. C'est pourquoi il est conseillé aux salariés de bien comprendre les implications de cette clause avant de démissionner.

Considérations spécifiques pour les contrats à durée déterminée (CDD)

La clause de non-concurrence peut également être appliquée dans le cadre des contrats à durée déterminée (CDD). Il est important de noter que, comme pour un CDI, elle doit être justifiée par la nature des tâches du salarié et des intérêts légitimes de l'entreprise à protéger.

Cependant, certains points spécifiques peuvent être considérés dans le cas des CDD. Par exemple, la durée d'application de la clause ne doit pas excéder la durée du contrat. De plus, la contrepartie financière doit être proportionnelle à la durée du contrat et aux restrictions imposées au salarié.

Enfin, la clause de non-concurrence dans un CDD doit être clairement définie et mentionnée dès la signature du contrat.

Légalité et conditions de validité

Les 5 conditions obligatoires pour une clause valide

Pour qu'une clause de non-concurrence soit valide, elle doit respecter cinq conditions essentielles, que nous allons détailler ci-dessous.

  1. Existence d'une contrepartie financière : Le salarié doit recevoir une compensation financière pour les restrictions imposées par la clause.

  2. Limitation géographique : La clause doit clairement définir la zone géographique où elle s'applique pour ne pas être considérée comme abusive.

  3. Limitation temporelle : La durée de la clause doit être limitée et proportionnelle aux intérêts de l'entreprise à se protéger.

  4. Clause écrite : Pour éviter tout litige, la clause doit impérativement être établie par écrit.

  5. Justification de la clause : La clause doit être justifiée par la nature de l'emploi et les intérêts légitimes de l'entreprise à protéger.

Jurisprudence en matière de clause abusive

En matière de clause abusive, la jurisprudence joue un rôle déterminant dans l'interprétation et l'application de la clause de non-concurrence. Plusieurs décisions notables ont contribué à affiner la compréhension de cette clause.

  • La Cour de cassation a notamment statué dans plusieurs affaires que la clause de non-concurrence doit être limitée dans le temps et dans l'espace et ne pas interdire toute activité professionnelle au salarié.
  • Par ailleurs, la jurisprudence a aussi établi qu'une clause de non-concurrence est considérée comme ayant un caractère salarial, ce qui entraîne l'impossibilité de modifier le montant de la contrepartie financière.
  • Enfin, en cas de non-respect de la clause de non-concurrence, le salarié peut être exposé à des sanctions, dont l'obligation de rembourser l'indemnité de non-concurrence.

La période d'essai et la clause de non-concurrence

La période d'essai a des implications directes sur la mise en œuvre de la clause de non-concurrence. Si le contrat de travail mentionne explicitement que la clause de non-concurrence ne s'appliquera pas en cas de rupture pendant la période d'essai, salarié et employeur sont libérés de leurs obligations respectives. Autrement dit, le salarié n'est pas tenu de respecter les restrictions de la clause et l'employeur n'a pas à verser de contrepartie financière.

Cependant, en l'absence de cette précision, la clause de non-concurrence s'applique, même si la rupture du contrat a lieu pendant la période d'essai.

Ces aspects juridiques peuvent être compliqués et varier en fonction des dispositions spécifiques du contrat de travail, il est donc conseillé de consulter un expert en droit du travail pour naviguer dans ces eaux.

Aspects financiers de la clause de non-concurrence

Contrepartie financière : montant et modalités de paiement

Le montant de la contrepartie financière peut être déterminé de manière forfaitaire ou proportionnelle au salaire brut du salarié. Il doit être significatif et ne pas être dérisoire. En général, il est défini par l'employeur et le salarié dans le contrat de travail ou par la convention collective applicable.

Les modalités de paiement de cette contrepartie peuvent varier. Le paiement peut être effectué sous forme de capital au moment de la rupture du contrat de travail, ou sous forme de versements périodiques. Ces modalités sont généralement prévues dans la clause de non-concurrence du contrat.

Ainsi, la contrepartie financière :

  • Doit être significative,
  • Peut être déterminée forfaitairement ou de manière proportionnelle,
  • Peut être versée en une fois ou périodiquement.

Indemnité en cas de non-respect de la clause

Lorsqu'un salarié ne respecte pas la clause de non-concurrence, il peut être tenu de verser une indemnité compensatrice à son ancien employeur. Cette obligation dépend du caractère licite de la clause et de la preuve du non-respect par le salarié. En cas de litige, l'employeur peut suspendre le versement de l'indemnité et saisir un juge.

Les sanctions en cas de non-respect peuvent varier :

  • Le salarié peut être tenu de verser des dommages et intérêts à son ancien employeur pour compenser le préjudice causé.
  • L'employeur peut suspendre le versement de l'indemnité compensatrice.
  • Le salarié peut être tenu de rembourser l'indemnité perçue.

Il est à noter qu'une clause sans contrepartie financière ou avec une contrepartie dérisoire est considérée comme nulle. Dans ce cas, le salarié peut choisir de ne pas respecter la clause et demander des dommages et intérêts pour clause abusive.

Quand l'employeur doit-il payer ?

L'employeur est tenu de verser la contrepartie financière de la clause de non-concurrence dès lors que toutes les conditions de validité sont réunies et que le salarié a respecté les termes de la clause, même s'il a retrouvé un emploi après avoir quitté l'entreprise.

Il est à noter que le paiement peut prendre plusieurs formes, telles qu'un capital versé en une seule fois au moment de la rupture du contrat de travail, ou une rente versée périodiquement.

En cas de non-respect de la clause par le salarié, l'employeur peut interrompre le versement de la contrepartie. Si l'employeur ne verse pas la contrepartie financière, le salarié n'est plus tenu de respecter la clause et peut réclamer le paiement de celle-ci en justice.

Gérer la clause de non-concurrence en pratique

Comment rédiger une clause de non-concurrence ?

La rédaction d'une clause de non-concurrence doit respecter plusieurs étapes clés pour être efficace et légale.

  1. Identifier clairement la partie concernée. Il est nécessaire d'indiquer explicitement le nom du salarié soumis à la clause.
  2. Définir précisément l'activité concernée par l'interdiction. Il est important d'être le plus précis possible pour éviter toute ambiguïté.
  3. Délimiter la zone géographique et la durée de la clause. Ces restrictions doivent être proportionnées aux intérêts légitimes de l'entreprise à se protéger.
  4. Mentionner la contrepartie financière. Celle-ci est obligatoire et doit être significative.
  5. Justifier la nécessité de la clause. Cette justification doit être liée à la nature de l'emploi et aux intérêts légitimes de l'entreprise.

Il est recommandé de consulter un avocat ou un expert en droit du travail pour s'assurer de la validité de la clause.

Levée et libération de l'obligation de non-concurrence

Quand et comment lever une clause ?

La levée d'une clause de non-concurrence nécessite une action de l'employeur et se produit généralement au moment de la fin du contrat de travail. Cette renonciation doit être exprimée clairement et par écrit, pour éviter tout malentendu.

Il est important de noter que l'employeur ne peut pas lever une clause de non-concurrence de manière arbitraire ou discriminatoire. Il doit respecter certaines conditions et procédures, notamment :

  • Informer le salarié de sa décision de lever la clause dans un délai précis.
  • Obtenir l'accord du salarié si la levée de la clause entraîne une modification substantielle de son contrat de travail.
  • Respecter les dispositions éventuelles de la convention collective applicable.

En cas de non-respect de ces conditions, la levée de la clause peut être contestée devant les tribunaux et donner lieu à l'octroi de dommages-intérêts en faveur du salarié.

Il est donc essentiel de bien comprendre les implications d'une telle décision et de se faire accompagner par un professionnel du droit du travail pour assurer le respect des obligations légales.

Enfin, la levée d'une clause de non-concurrence n'exonère pas l'employeur du paiement de la contrepartie financière prévue au contrat, sauf si le salarié a donné son accord pour renoncer à cette contrepartie.

Comment se libérer d'une obligation de non-concurrence ?

Se libérer d'une obligation de non-concurrence nécessite une approche stratégique. Il est important d'analyser la clause dans votre contrat de travail pour vérifier sa validité. Si la clause ne respecte pas les critères de validité comme la durée, le territoire couvert, ou la compensation financière, elle pourrait être jugée nulle par un Conseil de prud'hommes.

Vous pourriez également demander à votre employeur de vous libérer de cette obligation. Dans ce cas, il est recommandé de formaliser cette demande par écrit, via une lettre recommandée avec accusé de réception.

Il est également possible de négocier une levée de la clause de non-concurrence lors de la rupture du contrat de travail. Cependant, cette renonciation doit être expressément formulée par l'employeur.

En cas de litige, consulter un avocat spécialisé en droit du travail peut être une bonne idée.

Cet article a été rédigé par Chloé Perret

Consultante RH @Eurecia

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