Blurring, burnout, emailoverload, bore out… les anglicismes sont nombreux pour exprimer les maux actuels dont sont victimes les salariés et auxquels sont confrontés les responsables des ressources humaines.
Le blog Vie de Bureau consacre une série sur ces mots que l’on voit écrits partout et qui sont le reflet d’une vie professionnelle agitée, complexe et digitalisée.
Focus sur le phénomène de l’insecure overachiever.
L’insecure overachiever, le collaborateur superformant angoissé
« Insecure » pour insécurisé, peu sûr et anxieux et « overachiever » pour sur-doué, records et performance. Commençons par là, l’insecure archiever est une personne ultra performante mais angoissée. Mais alors qu’est ce que ce syndrome si particulier ? Ce phénomène se traduit par un collaborateur sur-engagé, qui travaille comme un fou et réussit tout ce qu’il entreprend, mais qui n’a pas conscience de ses performances.
Ces personnes apprennent vite et s’adaptent très facilement. Elles décrochent souvent les plus grandes étoiles de l’entreprise, remportent les meilleurs contrats et font le double de travail attendu mais paradoxalement pensent qu’elles n’en font pas assez et qu'elles font mal.
Plus qu’un syndrome, un déni
Les insecure achiever s’interrogent énormément : « pourquoi ai-je été pris ? », « pourquoi me gardent-ils ? »… Ces personnes sont angoissées et se remettent tous les jours en question. Elles ne comprennent pas pourquoi elles montent vite les échelons ni pourquoi l’entreprise leur fait confiance. Pour elles, cela est dû à l’échec des autres. C’est parce que leurs collègues n’ont pas réussi ou par chance qu’elles avancent, et non parce qu’elles surperforment. En bref, ils pensent que s'ils sont bons, c’est par défaut.
Ces collaborateurs particuliers sont en réalité dans le déni explique Lionel Cagniart Leroi, psychologue du travail. Ils dévalorisent leurs succès et « ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’ils savent ». D'après lui les insecure achiever sont constamment dans le déni de leurs propres performances et compétences. Et « souvent, les personnes qui montent dans la hiérarchie plus vite que prévu sont très angoissées » constate le psychologue.
Déconnecter ? Pas pour l’insecure overachiever !
Par peur d’être éjecté à la moindre petite erreur, l’insecure overachiever a trouvé la solution : tout faire pour éviter un seul reproche en ne comptant que sur lui-même. Il fera tout pour mener à bien tous ses projets, tout seul, sans aide externe et encore moins de son supérieur. Pour résumer, le collaborateur surperformant angoissé va s’auto-motiver, exiger le maximum de lui-même et travailler non-stop ! Quitte à dormir trois heures pour téléphoner à ses clients sur différents fuseaux horaires. Il va se violenter lui-même pour être à la hauteur de ce qu’il pense ne pas mériter : son poste.
Une pépite pour le manager mais attention au burn-out !
A première vue, un salarié anxieux au quotidien pourrait faire peur aux managers mais au contraire ! Pour eux c’est un cadeau du ciel ! Eh oui, comme l’explique Lionel « les supérieurs sont légèrement pervers, ils peuvent utiliser ce défaut pour pousser les surperformants angoissées à bout ». Ils comprennent vite qu’ils peuvent utiliser leurs compétences et leur caractère au profit de leurs résultats. Mais malheureusement il pourrait y avoir un abus et le psychologue du travail nous avertit : « quand on n’a pas de limite, le risque, c’est le burn-out ». Alors pensez-y ! Prenez garde à préserver vos équipes et encouragez ces insecure overachiever à prendre des congés et à déconnecter.