Mythes de bureau
Quand nos idées reçues sur le travail ont la vie dure
Une idée reçue concernant sur les seniors au travail : à l’approche de la retraite, ils perdent leur motivation et se désengagent de leurs missions. Mais est-ce vraiment le cas ? Spoiler : c’est plus complexe que cela en a l’air !
Trop vieux pour rester engagés, trop jeunes pour partir ?
Tout commence par des signes discrets, mais pas forcément choisis : faire simplement acte de présence en réunion, ne plus prendre part aux débats, déserter les projets collaboratifs. Les exclusions silencieuses des seniors sont encouragées, sinon tolérées, par certaines entreprises sous prétexte « qu’ils ne seront bientôt plus là ». Un cercle vicieux qui les amène à penser qu’ils sont hors-jeu. Mais comment en est-on arrivé là ? On colle trop souvent aux seniors les étiquettes de “moins flexibles” ou encore “moins agiles”. Mis à l’écart au profit de profils plus jeunes, davantage visibles dans une société axée sur la rapidité, l’innovation et la performance. Ce phénomène d’exclusion a des conséquences tangibles sur le moral des plus âgés (« ai-je encore quelque chose à apporter ? ») et sur leur emploi. Selon une étude menée par l’IFOP en 2023, près d’un salarié sur deux de plus de 50 ans se sent victime de discrimination liée à son âge. Les opportunités professionnelles se réduisent puisqu’un candidat senior a trois fois moins de chances d’être convoqué à un entretien, et l'accès à la formation s'effondre dès 55 ans passés. Dans un tel contexte, comment ne pas (évidemment) baisser les bras ?
Rallumer la flamme de l’engagement des seniors
Pourtant, rien n’est perdu. Il suffit d’un peu plus de considération et de bonnes initiatives de la part des entreprises pour que les seniors retrouvent motivation et engagement. Alors, comment rallumer la flamme ? En premier lieu en déconstruisant les stéréotypes à travers des campagnes de sensibilisation et des formations, comme l’a fait Axa France. Le groupe a lancé l’initiative « L’Audace n’a pas d’âge » pour casser les préjugés autour des seniors et changer la perception des plus jeunes à leur égard. Les organisations peuvent aussi redonner aux seniors l’envie de se réengager, de se remotiver, en proposant des conditions de travail adaptées à leur âge ainsi que des formations pertinentes pour les maintenir dans l’emploi. Par exemple, en 2023, L’Oréal a lancé le programme « L’Oréal for All Generations » un dispositif destiné à améliorer le bien-être et les conditions de travail des plus de 50 ans, ainsi qu’un hackathon solidaire mettant en valeur leurs compétences. Enfin, il est essentiel de reconnaître une valeur précieuse inhérente aux seniors : leur expérience. Après des années de travail, ils ont affiné leurs compétences, surmonté des situations complexes, collaboré avec des profils variés, et développé une maturité et une résilience uniques. BNP Paribas l’a bien compris avec la création de son réseau « We Generations », un espace informel où les jeunes bénéficient des conseils de leurs aînés.
En fin de compte, l’engagement des seniors n'est pas seulement un enjeu de société. C’est aussi un miroir de notre avenir commun. Demain, nous incarnerons ces seniors. Alors, construisons dès aujourd'hui un environnement où chaque génération peut continuer à progresser, se sentir utile, valorisée et engagée.
Rédactrice
Ancienne juriste et RH, Sonia n’a jamais tourné le dos à l’entreprise… même si son rêve était d’écrire des scénarios pour le cinéma. Aujourd’hui…
Mythes de bureau
Préjugés, idées reçues, on-dit : le lieu où l’on travaille est un théâtre de « vérités » qui influencent nos manières de travailler et de vivre ensemble. Mais rien n’est tout blanc ou tout noir. Mythes de bureau apporte de la nuance là où il n’y en a pas toujours. Une manière de prendre de la hauteur sur nos comportements et nos croyances.
