Aujourd’hui trois papas sur dix ne prennent pas de congé paternité alors qu’ils y ont droit. En face, il y a ceux qui le prennent, mais qui resteraient bien plus longtemps avec leur famille. Onze jours… nous sommes encore loin du congé maternité de 16 semaines dont 8 obligatoires ou des 4 semaines préconisées par le rapport de l'Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) diffusé en juin 2018. L'occasion de faire le point sur le congé paternité. La rédaction vous dit tout !
Le congé paternité aujourd'hui
Onze jours. C’est la durée maximum du congé paternité à l’heure actuelle (18 jours lors d'une naissance multiple). Il prend souvent le relai du congé pour naissance qui lui, est de trois jours. Un droit ouvert depuis 2002 non seulement aux salariés, mais également aux demandeurs d'emploi, aux travailleurs non-salariés, aux professions libérales et aux stagiaires en formation professionnelle. Au final, ce n'est pas tant une question de contrat de travail, ni d'ancienneté, mais de cotisation. Et oui, c'est la sécurité sociale qui régale.
Onze jours, nous disions, donc. Ce congé, tout comme celui de trois jours, est facultatif. Aucune obligation de le prendre en entier non plus, il faut seulement que les jours posés soient consécutifs (weekend compris). L'employeur ne peut refuser un congé paternité, du moment qu'il est posé avec un mois de préavis et que le début se situe avant les quatre mois de l'enfant.
2 semaines... Ça passe trop vite
Dans son étude de juin 2018, à la demande du Premier ministre, l'IGAS annonce que 77% des pères ont recours à ce congé. Cela semble prouver la volonté des jeunes papas de s'impliquer dans leur rôle parental : soutenir leur moitié, tisser un lien avec le nouvel arrivé et apprendre à s'en occuper.
La présence du papa aux tout premiers instants de l'arrivée d'un enfant renforce indéniablement les liens du couple et de la famille. Pour beaucoup, ce congé est encore trop court, à peine a-t-il commencé qu'il est déjà terminé. Cela est souvent frustrant, parfois même culpabilisant de ne pas pouvoir partager tous ces moments inédits avec sa tribu.
L'IGAS révèle dans son rapport qu'un tiers des pères choisissent de s'aménager leur propre congé paternité en complétant avec des jours de congé annuel ou sans solde. C'est le cas de Frédéric et Alice.
Chacun son choix, oui mais…
La plupart des jeunes papas justifient leur non recours au congé paternité par la charge de travail trop importante. Impératifs professionnels ou autocensure ?
En effet, certains s'abstiennent de le prendre par crainte de faire mauvaise impression auprès de leurs collègues et de leurs supérieurs. Ce frein social pèse sur certains plus que sur d'autres : le taux de non recours est plus élevé du côté des pères ayant un emploi précaire et/ou irrégulier (intérim, indépendant, CDD, etc). C'est d'ailleurs le même constat chez les mamans.
Congé paternité de 4 semaines, dont 2 semaines obligatoires ?
L'Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) adresse au Premier ministre dans son rapport plusieurs recommandations permettant de mieux répondre aux besoins des pères et de leur famille. Voici les trois différents scénarios proposés :
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Scénario d'ajustement
Il s'agirait d'améliorer le dispositif en développant une communication et un accompagnement auprès des entreprises et des papas. Leur accorder par exemple un Droit à une Période d'Accomplissement d'une Paternité Active (P.A.P.A), ainsi qu'assimiler ce congé à du temps de travail effectif (comptabilisé pour la retraite et l'ancienneté).
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Scénario de renforcement
Cette solution réformerait le dispositif en allongeant les congés naissance et/ou paternité afin d'obtenir 3-4 semaines au total. Une partie de ces congés serait obligatoire, comme au Portugal où 2 semaines sur 4 sont consacrées exclusivement à pouponner le petit dernier de la famille.
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Scénario volontariste
Cette proposition rapprocherait le congé paternité du congé maternité significativement. Avec une période de 6 semaines obligatoires. Oui, les 6 semaines entières !
A quand la réforme ?
Pas tout de suite : la secrétaire d'Etat chargée de l'égalité entre les homme et les femmes a déclaré qu'il était d'abord question d'améliorer l'accessibilité et les conditions du congé maternité, notamment pour les femmes non salariées.
"Congé, prends le si tu es un homme" !
Voilà le slogan d'une campagne du gouvernement danois lancée en novembre 2017. Un autre voisin européen inspirant à ce sujet. A nous de jouer !
Un congé paternité plus long et en partie obligatoire serait une avancée réelle pour la famille moderne. Cela décomplexerait les papas qui s'abstiennent et les inciterait à prendre le reste des jours facultatifs. Encourager les pères à s'impliquer davantage dans leur vie de famille permettrait d'une part, une meilleure répartition des tâches domestiques et familiales et d'autre part, de réduire les inégalités professionnelles femmes - hommes face à la parentalité.
Et l'employeur dans tout ça ?
En règle générale, une entreprise qui aide ses employés à concilier vie professionnelle et vie personnelle y gagne des collaborateurs plus impliqués.
Mieux vaut réfléchir à deux fois avant de tenir un discours hostile à ce congé. Les premières semaines suivant l'arrivée d'un enfant sont souvent épuisantes. Ne pas dormir de la nuit pour ensuite aller travailler n'est bon ni pour le père, ni pour sa famille, ni pour l'entreprise pardi !
Conseil d'ami : anticiper en ouvrant le dialogue au sujet du congé paternité et prévoir un entretien pré - et post - congé, comme pour les mamans.
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