J'ai testé...
Une semaine pour expérimenter une habitude ou un mode de travail
On est lundi matin, il est 8 heures passées de deux minutes. J’enfourche mon vélo avec la même énergie que Rocky montant sur un ring, mais, mon ring à moi, c’est juste le bureau, à vingt minutes de là. Vingt minutes de pédalage le long du canal du Midi, bordé de platanes et de joggeurs matinaux.
Cette semaine, j’ai décidé de laisser la voiture au garage, de dire adieu aux bouchons et surtout, bonjour à la liberté. Spoiler : liberté rime avec bons mollets!
Jour 1 - motivation à plein régime
Le premier jour, tout m’apparait grisant. L’air frais sur le visage, le cliquetis régulier de la chaîne... Un bonheur simple au goût de madeleine. Je croise les mêmes voitures coincées au feu que d’habitude, mais cette fois je les dépasse. Un sentiment de victoire puéril m’envahit, comme si j’incarnais la mobilité durable depuis toujours. J’arrive au bureau légèrement transpirant, les joues rouges, et plutôt fier de ma première. La journée commence bien.
Je poste une photo dans la discussion d’équipe avec la mention « Cette semaine je prépare le Tour de France ». J’obtiens plus de rires que d’enthousiasme, mais je reste motivé. Le trajet de retour est une partie de plaisir.
Jour 2 - retour à la réalité
Mardi, il pleut. Pas une pluie diluvienne, non. Une bruine perfide, celle qui ne semble rien mouiller mais qui s’infiltre partout. Ma veste imperméable ne l’est finalement pas tant que ça. Mon jean colle aux cuisses et mes dents claquent. Je pédale au ralenti, je crois que Rocky a pris un K.O.
En arrivant, j’essaie de sécher discrètement mes manches avec le sèche-mains des toilettes, mais c’est peine perdue. « Alors, pas de photo aujourd’hui le sportif ? ». À 18 heures, j’enfile mon imper encore trempé : le retour va être long.
Jour 3 - je pédale un peu dans la semoule
Mercredi, le soleil revient, et avec lui la joie simple du mouvement. Je retrouve un rythme, un souffle, une sensation de clarté. Je pédale sans réfléchir, guidé par la lumière qui traverse les arbres au bord du canal. Les passants deviennent familiers : le joggeur au short rouge, la dame au petit chien… Ce matin-là, j’ai même une idée brillante pour un projet. Entre deux virages, je fais une petite pause et sens ma créativité se réveiller.
Attends. Mais qu’est-ce que je raconte là ? Je rêvasse sous les premiers rayons du soleil et pour finir, j’arrive en retard à ma réunion. À court d’excuse, je prétexte un problème de rayon…
Jour 4 - le coup de pompe
J’ai sous-estimé deux choses en ce jeudi 30 octobre : le vent d’autan et mon envie d’être à l’heure. Je pédale à contre-courant d’une rafale toulousaine, le visage plissé comme un accordéon. Je maudis le canal, la physique et la fragilité de mon optimisme. J’arrive au bureau crevé, le café sera ma rustine. Dès la première gorgée, je me rends compte que j’ai oublié mes affaires de rechange. Cette journée commence avec un t-shirt humide, c’est super. Vraiment super.
Jour 5 - le calme intérieur
Vendredi, le trajet se fait presque tout seul. Mon corps connaît la route, mon esprit divague. Je réalise que ces vingt minutes, chaque matin et chaque soir, sont devenues un sas. Ni boulot, ni maison. Un entre-deux précieux, un temps pour respirer, observer, penser. Le canal s’étire sous la lumière automnale, les platanes dessinent des ombres sur l’eau.
Je n’ai pas trouvé le secret de la productivité, ni sauvé la planète. Mais j’ai trouvé un petit coin de zénitude dans mes journées pressées. Une expérience banale, qui change subtilement mon rapport au temps.
Test concluant, je vais le poursuivre. Pour autant, n’y voyez pas un acte héroïque, ni un manifeste pro-écologie. Simplement l’envie d’un moment de reconnexion à soi, qui m’invite à encourager la mobilité douce en entreprise. Car chaque coup de pédale est un petit rappel que nos journées ne se résument pas à un enchainement de mails et de réunions.

Blogueur eurécien
Avec un regard affûté et une plume sans détour, Hadrien s’intéresse avant tout à l’expérience vécue en entreprise : les interactions entre collègues…
J'ai testé...
Et si on continuait à tester ensemble d’autres façons de travailler ? Quelque chose me dit que je ne suis pas seul à avoir envie d’expérimenter, concrètement ! Rendez-vous dans une prochaine chronique pour une nouvelle plongée au cœur du monde professionnel. Je partage avec vous mes expériences, mes émotions et mon analyse.