À la loupe
Chaque semaine ce que nous disent les chiffres et les études sur le monde du travail
Selon une enquête IPSOS pour Jedha publiée en juin 2025, 28 % des actifs se disent dépassés par l’intelligence artificielle, 76 % d’entre eux n’ayant reçu aucune formation sur le sujet. Un autre rapport du McKinsey Global Institute alerte quant à lui sur le fait que les entreprises sont elles aussi en difficulté. Elles peineraient notamment à accompagner une transformation trop rapide, alors que près de la moitié des tâches professionnelles pourraient être automatisées d’ici 2030.
Deux constats convergents au sujet d’une même révolution numérique qui chamboule en profondeur le monde du travail.
Un tiers des actifs se sent dépassé par l’IA
Selon l’enquête IPSOS, 28 % des actifs se sentent encore désemparés face à l’IA, malgré le lancement de ChatGPT il y a maintenant près de trois ans. Parmi eux, 78 % des jeunes se déclarent au contraire à l’aise, tandis que 75 % des cadres supérieurs utilisent l’IA sans difficulté, laissant les employés moins qualifiés nettement en retrait, puisque seulement 60 % d’entre eux expliquent être à l’aise.
Seuls 41 % des actifs utilisent l’IA au travail
Toujours selon l’enquête IPSOS, 41 % des actifs déclarent utiliser l’IA au travail, et seulement 11 % le font de manière régulière. Parmi les usagers, les cadres supérieurs (61 %) et les indépendants (51 %) figurent en tête. Un taux assez faible qui révèle la difficulté pour une majorité d’actifs à intégrer l’IA dans sa routine professionnelle, malgré une volonté d’y parvenir : 70 % souhaitent mieux comprendre l’IA et 67 % jugent urgent que leur employeur propose des formations dédiées. Or justement, c’est là que le bât blesse…
Des entreprises dépassées
À cause de transformations trop rapides pour être accompagnées ? C’est en tout cas l’idée phare à retenir du rapport du McKinsey Global Institute. D’ici 2030, jusqu’à 45 % des tâches professionnelles pourraient être automatisées, une cadence de transformation à laquelle les entreprises peinent à répondre. Dans l’enquête Jedha, 76 % des actifs déclarent ne pas avoir reçu la moindre formation à l’IA : un signal clair du manque d’anticipation et de mobilisation des entreprises face à cette « urgence pédagogique ».
Une stratégie RH fragilisée
Ces chiffres témoignent du manque d’alignement entre attentes des collaborateurs et stratégies des employeurs. Alors qu’une majorité d’actifs utilise peu ou mal l’IA, les entreprises n’offrent pas les outils pédagogiques nécessaires. Un décalage, voire un retard, d’autant plus problématique que l’IA impose des changements rapides dans les missions, les compétences et l’organisation des équipes, à bien des niveaux. Une absence de formation qui génèrerait risque de stress, peur de l’obsolescence et usage incontrôlé, aussi appelé « shadow IT » - en référence à l’utilisation d’outils personnels « en cachette », sans en informer la hiérarchie.
Mais le constat est pourtant sans appel. Entre désir de formation et usage marginal de l’IA, il est temps pour les entreprises de passer à l’offensive. Structurer et formaliser l’apprentissage, puis l’usage, une impérieuse nécessité ces prochaines années.

Journaliste et cheffe d'édition
Séverine explore les domaines de l’économie, de la société, de la culture et des territoires, avec un même fil rouge : rendre l’information…