Générations
Quand une millennial explore le rapport au travail des différentes générations.
Je rentre de vacances. Soleil, plage, et mes trois neveux, 13, 15 et 16 ans - soit deux Gen Z, et un Alpha. Figurez-vous qu’en cinq jours, j’ai appris l’existence d’un nouveau Pokémon, découvert le dernier rappeur en vogue, et surtout, comment activer une fonction cachée de mon iPhone. Pas mal, pour quelqu’un censé maîtriser la tech !
À chaque période de vacances avec eux, ils réussissent à m’apprendre quelque chose. Ce qui m’a rappelé ce fameux concept qui traîne dans le monde du travail depuis quelques années : le reverse mentoring. Ou mentoring inversé, pour les non-anglophiles.
Papis dépassés VS jeunes geeks ?
L’idée : que les juniors viennent dispenser des formations ou des ateliers aux seniors dans leur entreprise. Un concept florissant, notamment dans le cadre de la transformation digitale des organisations. Nous autres, jeunes Millennials digital natives, avons très rapidement été mis à contribution pour former nos aînés aux outils numériques. Malin.
En revanche, l’image que l’on donne au reverse mentoring m’irrite. À lire certains articles, on croirait voir des papis et mamies devant leur clavier, complètement perdus, sauvés in extremis par un stagiaire en hoodie qui leur explique comment envoyer un mail avec une pièce jointe.
Spoiler : on n’en est plus là. Au fur et à mesure que la technologie évolue, l’illectronisme recule Alors, entre baby-boomers hyper connectés et managers Gen X qui scrollent TikTok en douce, les seniors d’aujourd’hui ne sont pas ces caricatures de “poules ayant trouvé un couteau”. Bref : on est loin de la fracture numérique telle qu’on l’imagine encore trop souvent.
L’agilité, pas les tutos
Est-ce que ça signifie que le reverse mentoring est inutile ? Pas du tout. En revanche, pas sous la forme “atelier de deux heures sur comment utiliser ChatGPT”, animé par un jeune padawan face à cinq managers blasés.
Le vrai sujet, ce n’est pas la transmission du savoir technique. C’est la posture à développer. Ce qui manque parfois aux plus expérimentés, ce n’est pas la compétence, mais la souplesse. Cette fameuse capacité à tester, à s’adapter, à ne pas craindre de se tromper. En un mot : l’agilité, la sacro-sainte, celle dont on rêve tous.
Et soyons honnêtes : on ne développe pas l’agilité en rajoutant des process, des PowerPoint et des sessions “formation obligatoire” partout. L’agilité, ça se pratique.
Et si on osait l’informel ?
Le mentoring inversé peut à mon sens être un vrai levier intergénérationnel. À condition de revenir à sa base : le lien personnalisé. Un suivi one-to-one, régulier, où la confiance permet d’oser dire “je n’ai pas compris” ou “explique-moi encore”. Un peu comme un buddy (y comprendre, une marraine ou un parrain) qui vous suit de loin - pas un prof qui débite son cours. L’idée, c’est d’installer des espaces de dialogue naturels, décontractés, presque spontanés.
Au fond, on a tous quelque chose à apprendre des autres générations : un raccourci clavier, une nouvelle appli, une autre façon d’aborder le travail. Encore faut-il sortir du cliché “junior geek et senior largué” pour laisser place à la curiosité et à l’échange authentique.
Et si on créait ces espaces, tant physiques que managériaux, où les échanges intergénérationnels pourraient se faire de manière totalement spontanée ?

Blogueuse RH & travail
Elle a l’esprit vif et le clavier littéraire dans un gant de velours 2.0. Millenial et fière de l’être, elle scrute avec malice les effets de…
Générations
Millennial née au début des années 90, j'observe avec curiosité comment les générations cohabitent au travail. Je vais à la rencontre de mes aînés et de la Gen Z pour comprendre ce qui façonne notre rapport au travail : aspirations, valeurs, façons de collaborer, habitudes (bonnes et mauvaises). Pourquoi travaillons-nous si différemment ? Qu'est-ce qui nous sépare vraiment... et surtout, qu'est-ce qui pourrait nous rapprocher ? Un regard authentique, sans artifices ni lieux communs.