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Article - Générations

Les étudiants jugent le monde du travail stimulant mais injuste

Groupe de jeunes professionnels en réunion dans un bureau moderne et chaleureux

À la loupe

Chaque semaine ce que nous disent les chiffres et les études sur le monde du travail

Ils s’y projettent avec enthousiasme, mais ne se font aucune illusion à son sujet!  Dans l’étude publiée en septembre 2024 par l’APEC intitulée « Le monde du travail vu par les étudiant-es du supérieur : un univers à la fois inquiétant et motivant », si les étudiants français jugent le monde professionnel stimulant, ils le perçoivent également comme très inégalitaire. Et plus de 8 sur 10 le décrivent comme exigeant, compétitif ou stressant.

Une génération enthousiaste mais pas naïve

Souvent désignée comme ayant un rapport au travail aux antipodes des précédentes, la génération des personnes qui font actuellement leurs études est en réalité particulièrement concernée et motivée lorsque l’on évoque le monde du travail. Ainsi, comme l’étaye une autre source – Diplomeo - citée dans l’étude, sur 2 600 jeunes de 16 à 25 ans interrogés, 66 % considèrent l’univers professionnel stimulant, un chiffre qui atteint même 72 % chez les hommes, 64 % innovant et 63 % coopératif. Une première donnée qu’il ne faut toutefois pas décorréler d’une seconde, puisque 49 % le qualifient aussi d’angoissant. Mais alors, d’où vient cette dualité ? D’un sentiment d’inégalité, nourri par le manque de diversité sociale et d’équité territoriale. 60 % des sondés estiment que ce monde du travail est injuste, une perception d’autant plus marquée chez les femmes avec un taux qui grimpe à 65 %.

Une injustice sociale qui pèse

Plusieurs facteurs permettent d’expliquer la raison qui pousse les étudiants à qualifier d’injuste le monde du travail. Le milieu social d’abord. 70 % de ceux issus des couches les plus modestes jugent que ceux issus des plus privilégiées seront automatiquement favorisés. Dans le même sens, 64 % pensent que le lieu de résidence influe sur les opportunités professionnelles, pénalisant encore et toujours les étudiants habitant en quartiers prioritaires et en zones rurales. Enfin, 69 % des femmes interrogées sont convaincues que leur genre aura inévitablement un impact sur leur carrière professionnelle, contre seulement 33 % des hommes. Un décalage énorme qui montre que les jeunes sont déjà conscients des discriminations avant même d’avoir fait leurs premiers pas en entreprise.

Le travail doit faire sens

Les étudiants demeurent en revanche très concernés, et conscients que pour éloigner ce sentiment d’injustice, il est nécessaire de rechercher sens et alignement des valeurs dans le métier exercé. Une majorité, 78 %, accorde une grande importance à l’équilibre entre vies professionnelle et personnelle, 61 %, souhaitent pratiquer une activité qui a un impact positif sur la société, et seulement 52% admettent que la rémunération est une priorité. Ainsi, l’étude révèle que l’épanouissement, la reconnaissance et l’équité, deviennent des leviers essentiels que les services RH doivent activer pour attirer et fidéliser les nouveaux venus sur le marché du travail.

Repenser les pratiques managériales  

C’est la condition nécessaire afin de répondre aux nouvelles aspirations d’une génération bien décidée à faire entendre ses priorités, et à démanteler le modèle traditionnel du rapport employés/employeurs. Ces derniers sont désormais rattrapés par une réalité du marché du travail qui les somme de repenser leurs modèles RH. 51 % des étudiants estiment que les entreprises dans lesquelles ils pourraient travailler ont une mauvaise image de la jeunesse, contre 40 % qui pensent qu’elles en ont une bonne ; une proportion quasi équivalente estime que les entreprises ne donnent pas facilement leur chance aux jeunes (52 %) et qu’elles les intègrent mal (47 %). Ainsi, process de recrutement, mobilité, inclusion, gestion des talents et des carrières, s’invitent à la table des fondamentaux que les entreprises doivent agréger à leurs cultures et leurs pratiques. Plus que jamais d’ailleurs, puisque l’étude pointe que 54 % des étudiants interrogés considèrent que les entreprises ne s’engagent pas suffisamment pour réduire les inégalités sociales.  

 

Cette génération d’étudiants et d’étudiantes amenée à arriver prochainement sur le marché du travail, est plus exigeante et lucide que jamais. Un défi autant qu’une opportunité pour les organisations de (re) bâtir un monde du travail chamboulé depuis la pandémie, dont les mutations ne cessent de s’accélérer, et que les plus jeunes souhaitent voir évoluer vers davantage d’éthique et d’équité. 
 

Journaliste

Séverine est journaliste généraliste indépendante collaborant avec divers médias régionaux et nationaux, comme le Figaro Magazine, Madame Figaro,…

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