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Article - Management

La Gen Z plaque le management… et elle a ses raisons

Jeune femme pensive avec lunettes devant une valise et des icônes illustrant des idées

Générations

Quand une millennial explore le rapport au travail des différentes générations

En 2019, alors que je rencontre le patron d’une belle agence de marketing parisienne, il me propose un poste de directrice de clientèle. Figurez-vous que je passe les différentes étapes du recrutement, que je rencontre tous les grands patrons, que je vais jusqu’à négocier mon salaire potentiel… pour finalement dire “non”.

J’ai eu très peur, tout à coup. Peur de prendre un poste aussi important, potentiellement aussi chronophage… et surtout, aussi managérial. Sans le savoir, j’ai fait ce que les jeunes d’aujourd’hui appellent du Conscious Unbossing – autrement dit le fait d’éviter consciemment les postes à responsabilité.

C’est la Gen Z qui commence à populariser ce terme, via TikTok notamment. Sur le réseau social, on voit des dizaines de jeunes professionnels de moins de trente ans expliquer combien les postes managériaux les rebutent. Ils seraient d’ailleurs 52 % à ne pas vouloir être manager - dont 16 % à être certains de réussir à éviter ce type de poste tout au long de leur carrière ! Si ma propre histoire de Conscious Unbossing cachait en fait un grand manque de confiance de ma part, le refus de prise de responsabilités des Gen Z n’est pas exactement lié à ce type de souci. Toujours dans cette même enquête Robert Walters, on découvre que 69 % d’entre eux ne veulent pas de rôle managérial car ce type de poste est à la fois trop stressant et pas assez récompensé. Mais surtout, 72 % des Gen Z disent qu’ils préfèrent mettre l’accent sur un parcours individuel (soit centré sur leur montée en compétences et leur développement personnel). En somme, ils veulent continuer à progresser tout au long de leur carrière - et le management leur paraît être une voie de garage, où l’on n’évolue plus, où l’on n’apprend plus, tant on doit faire face à des situations opérationnelles stressantes et peu épanouissantes.

En somme, le Conscious Unbossing semble condenser tout ce contre quoi la Gen Z s’érige dans le monde du travail : le manque d’évolution personnelle au profit des besoins des entreprises, la difficulté à équilibrer vies professionnelle et personnelle, ou encore la rémunération qui laisse à désirer. Voilà qui est impossible à contrer.

Mais, pour une fois, j’ai envie de prendre un peu moins la défense des plus jeunes générations, et de soulever les problèmes à plus long terme que, selon moi, le Conscious Unbossing pourrait poser. En effet, comment pouvons-nous nous assurer que nos environnements de travail restent intergénérationnels et inclusifs si une majeure partie d’une génération se met à refuser de prendre un rôle de leadership ? En somme, il me semble que derrière le Conscious Unbossing réside un risque : celui d’appauvrir la diversité intergénérationnelle, en purgeant les rôles de leaders d’une génération tout entière.

Alors, pour répondre à cette problématique d’avenir, réfléchissons à un renouveau de nos modèles managériaux. Très sincèrement, je ne peux que comprendre le manque d’attrait de la Gen Z pour le management, quand je vois combien de managers finissent leurs semaines sur les rotules - et pas plus épanouis que ça !  Parce que, ce que la Gen Z fuit, ce ne sont pas les responsabilités, mais plutôt la posture du manager qui prend tous les coups, coincé entre le marteau de la direction et l’enclume de son équipe, sans pour autant bénéficier d’un travail avec plus de sens.

Est-ce que le manager de demain, qui répond à la fois aux besoins de l’entreprise, à ceux de son équipe et aux siens, n’est pas plutôt une sorte de coach, de mentor, qui aide ses collaborateurs à gagner en autonomie et en prise d’initiative ? Un manager qui peut continuer à exercer les tâches opérationnelles qu’il affectionne, tout en aidant chacun à répondre aux objectifs stratégiques de l’entreprise ?  

Que vous soyez en phase ou non avec cette vision idéalisée du leadership de demain, le fait de revoir notre copie sur la posture accordée aux managers dans l’entreprise devient urgent. Dans l’enquête toujours, 36 % des Gen Z affirment qu’ils s'attendent à devoir occuper un tel poste à un moment ou à un autre de leur carrière, même s’ils ne le souhaitent pas. Alors, si l’on veut éviter de voir tous ces individus devenir des managers démotivés et démotivants, il est temps de réinventer le management, pour le rendre attractif et épanouissant.

L’écriture de cette chronique me donnerait presque envie de prendre le poste que j’ai décliné en 2019, tiens - ça commence bien !  

Blogueuse RH & travail

Eléonor a une patte littéraire dans un gant de velours 2.0. Fascinée par les interactions humaines et l’univers du web, elle crée des contenus…

Générations

Vous êtes-vous déjà demandé ce qui se passe dans la tête de vos plus jeunes collaborateurs ? Ou pourquoi vos collègues plus âgés ne semblent pas travailler comme vous ? Appartenant moi-même à la génération des millennials, j’observe avec curiosité les nouvelles interactions humaines. Avec Générations, explorons comment les différentes générations façonnent leur rapport au travail : aspirations, valeurs et modes d’interaction. Une réflexion sur ce qui nous distingue… et ce qui pourrait nous rapprocher.

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