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Article - Métier

Le nouveau métier d'expertise en optimisation bas-carbone

Ingénieur industrie analysant les données de production pour réduire l’empreinte carbone

Nouveaux métiers

Chaque semaine un métier en émergence

Réduire les émissions de CO₂ des entreprises est un impératif qui impose de remodeler les flux logistiques. En effet plus de la moitié des émissions mondiales de gaz à effet de serre provient des chaînes d’approvisionnement. Dans certains secteurs, ce chiffre grimpe à 90 %, lorsque l'on additionne les émissions indirectes liées aux fournisseurs, au transport ou aux emballages. Chaque étape — transport, stockage, approvisionnement — pèse dans la balance carbone. Pour relever ce défi, un nouveau métier apparaît : l’expert en optimisation de la chaîne d’approvisionnement bas-carbone. Sa mission : traquer les émissions et les réduire sans compromettre la performance logistique. Un métier qui demande des compétences transverses entre la data, la stratégie, l'écologie et la logistique.

Le métier décrypté

L’expert bas-carbone, c’est un peu le Marie Condo de la logistique. Comme dans une maison encombrée, il trie, élimine ou remplace tout ce qui est trop lourd, inutile ou polluant. Plus précisément, il cartographie l’ensemble de la supply chain pour repérer les sections les plus polluantes. Pour ce faire, il passe à la loupe les données de transport, regarde le bilan de chaque fournisseur, mutualise les flux et choisit les modes de transport moins polluants. Il travaille main dans la main avec les achats, la production, les transporteurs, les équipes RSE et souvent avec les fournisseurs eux-mêmes. Pour réduire les émissions de carbone, toute la chaîne doit jouer le jeu.  Prenons un exemple : une entreprise de distribution veut réduire ses émissions de CO2 pour ses livraisons urbaines. L’expert évalue l’empreinte du dernier kilomètre, teste des alternatives (véhicules électriques, dépôts urbains), mesure les résultats, puis déploie le projet à grande échelle. Le tout en gardant un œil sur les coûts, les délais et la satisfaction client.

 

Le lexique du métier

  • Scope 3 : émissions de CO2 générées hors du périmètre direct de l’entreprise, par les fournisseurs, les transporteurs, l’utilisation de produits, etc.
  • Analyse du cycle de vie (ACV) : méthode qui évalue l’impact environnemental d’un produit ou d’un service à chaque étape de sa réalisation, par exemple l’extraction des matières premières, la fabrication, le transport, etc.  
  • Sales & Operations Planning (S&OP) : processus de planification pour aligner les prévisions commerciales, la production et la logistique.
  • Reverse logistic (logistique inverse) : gestion des flux de retour, comme les produits défectueux, les invendus, les emballages, etc.  
  • Hub & spoke : organisation logistique en étoile avec un centre principal (hub) qui redistribue vers plusieurs points secondaires (spokes), pour optimiser les trajets.  
  • Warehouse Management System (WMS): logiciel qui permet de piloter, optimiser et automatiser toutes les opérations dans un entrepôt logistique.  

Les compétences clés

On n'améliore que ce que l'on mesure : l’expert bas-carbone manipule énormément de données pour décrypter les flux logistiques et concevoir des scénarios les moins générateurs de CO2. Pour ce faire, il doit maîtriser des outils de pilotage logistique (ERP, WMS), les logiciels de calcul carbone (ACV, Bilan GES), mais aussi maîtriser l’IA pour affiner ses prévisions. Il doit connaître aussi les réglementations environnementales, les normes ESG (Environnemental, Social et Gouvernance), les obligations de reporting comme la CSRD (la directive de l’UE relative à la publication d'informations en matière de durabilité par les entreprises) et les objectifs climatiques sectoriels. Par ailleurs, ce métier exige un sens de la collaboration et de la diplomatie. En effet, au quotidien, l’expert bas-carbone doit convaincre les services achats de changer de fournisseurs, les transporteurs de revoir leurs pratiques et les décideurs d’investir dans des solutions bas-carbone. Il doit donc savoir parler à tout le monde. Puis, il ne craint pas de naviguer dans l’incertitude. Entre les fluctuations des coûts, les aléas géopolitiques, les pénuries ou encore les événements climatiques, il garde la tête froide et ajuste le cap sans perdre de vue ses objectifs. Autrement dit : de la résilience, de l’agilité, et une bonne dose de diplomatie.

Les formations, parcours et perspectives de rémunération  

Plusieurs parcours permettent de se spécialiser et d’accéder au métier. Parmi les parcours les plus empruntés, un bac +5 en supply chain, complété par une spécialisation en développement durable.  Parmi les formations reconnues :

Les ingénieurs logistiques peuvent élargir leurs compétences avec des formations en technologies vertes, data ou ESG.  

Côté rémunération, un profil junior démarre autour de 30 000 à 40 000 € bruts par an. Un expert confirmé, surtout s’il travaille pour un grand groupe ou à l’international, peut atteindre 70 000 €, voire plus. Le métier étant en tension, les entreprises n’hésitent plus à valoriser les profils spécialisés capables de concilier performance économique et transition climatique.

Avenir du métier et évolutions possibles  

Plusieurs secteurs — industrie, grande distribution, e-commerce, énergie — cherchent à réduire leurs émissions sans désorganiser leurs flux. L’expert bas-carbone devient donc un profil stratégique. Ce métier va bien au-delà des palettes : il influence les choix fournisseurs, la conception des produits et l’implantation des entrepôts. Il travaille avec les directions RSE, les achats, parfois même avec les équipes finance pour intégrer les critères ESG dans le pilotage global. L'expert en optimisation de la chaîne d'approvisionnement bas-carbone peut évoluer vers d’autres fonctions, comme :

  • La direction supply chain ou la direction RSE, dans une logique de pilotage global
  • La spécialisation dans des domaines comme l’éco-conception, la logistique urbaine ou la data environnementale
  • Le conseil pour accompagner plusieurs entreprises sur leurs trajectoires climat
  • Les postes internationaux, au sein de groupes qui veulent standardiser leurs pratiques durables.  

Et demain ? L’IA, la blockchain, l’IoT ou encore la traçabilité fine carbone vont transformer le métier. Mais la mission restera la même : rendre la chaîne d’approvisionnement plus propre, sans jamais compromettre son efficacité.

Rédactrice

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