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chronique - Communication interne

L’afterwork est-il définitivement un truc de vieux ?

Groupe de collègues partageant des cocktails en terrasse après le travail

Générations

Quand une millennial explore le rapport au travail des différentes générations.

“Je ne peux pas venir au yoga mardi soir, j’ai un verre avec des collègues”. La semaine dernière, une amie m’a envoyé ce message, assorti d’un emoji qui pleure. Pourtant, cette amie adore son travail et son équipe… mais, a priori, pas autant que le fait de faire des chiens tête en bas avec moi. Face à ce message, je me rends compte que très peu des amis de ma génération (celle des Millennials, dans la trentaine) a vraiment envie de participer à des afterworks avec leurs collègues. Que ce soit un team building, un dîner de Noël, ou un simple verre au bar du coin, tous semblent plutôt contraints d'y aller - pas directement par leur entreprise, mais plutôt par les règles inhérentes de la sociabilité au travail.

Retrouver sa vie perso après le travail

A contrario, je vois mon père qui adore raconter des anecdotes issues des nombreux apéros professionnels qu’il a pu faire dans sa carrière, et qui continue à s’inscrire à tous les événements lancés par l’association de retraités de son ancienne entreprise. Alors, l’afterwork serait-il “un truc de vieux” ?

 

Si l’on en croit les chiffres repris par le média Assistant Plus, 65 % des employés qui participent à des afterworks se sentent plus investis dans leur entreprise. Cependant, aucune étude en France ne semble avoir fait de différence entre les générations.

 

Je crois personnellement que nos nouveaux modes de travail, et notamment le travail à distance démocratisé depuis la période Covid, nous ont ouvert les yeux sur un fait : la sociabilisation avec les collègues ne fait pas partie de nos fiches de poste, et on n’a aucune obligation de trinquer avec le camarade Jean-Michel une fois le boulot terminé.

 

Et je ne suis pas la seule à le penser. Dans un récent article de Welcome to the Jungle, Marie Benedetto-Meyer, sociologue du travail, explique qu’en travaillant plus souvent à distance “[...] on pourrait imaginer passer du temps à sociabiliser, mais c’est difficile car on ne croise pas les mêmes personnes, et on a plein de tâches à accomplir une fois de retour au bureau, ce qui rend les échanges plus artificiels, condensés et parfois ressentis comme obligatoires”.  

 

Résultat : une fois l’ordinateur éteint, en présentiel comme à distance, on n’a plus vraiment envie de parler à notre voisin de bureau, mais plutôt de retrouver notre vie personnelle.

L’apéro entre collègues, symbole du “carriérisme” ?

 

D’ailleurs, à bien y réfléchir, il me semble que cette socialisation après le travail n’est pas tant une affaire de générations qu’un concept à regarder par le prisme du carriérisme. Car, après tout, rien de mieux qu’un verre accoudé au bar avec son patron pour lui glisser dans l’oreille qu’on adorerait prendre plus de responsabilités. Et je genre volontairement ledit “patron” au masculin, tant les femmes, qui doivent aller chercher les enfants à la crèche ou à l’école après le boulot, semblent plus souvent exclues de ces moments de convivialité.

 

Pour résumer le fil de ma pensée, les jeunes seraient donc plus enclins à protéger leur vie privée, quitte à manquer des opportunités de développement professionnel, que leurs aînés… et donc moins enclins à se forcer à boire une bière avec leur boss après 18 heures.

 

Et vous, si vous vous sentiez en droit de dire franchement “non”, iriez-vous à cet énième pot après le travail ? Ou préféreriez-vous risquer d’être mis au ban de l’entreprise en considérant que la sociabilité ne dépasse pas le cadre de vos 35 heures ?

 

 

Blogueuse RH & travail

Elle a l’esprit vif et le clavier littéraire dans un gant de velours 2.0. Millenial et fière de l’être, elle scrute avec malice les effets de…

Générations

Millennial née au début des années 90, j'observe avec curiosité comment les générations cohabitent au travail. Je vais à la rencontre de mes aînés et de la Gen Z pour comprendre ce qui façonne notre rapport au travail : aspirations, valeurs, façons de collaborer, habitudes (bonnes et mauvaises). Pourquoi travaillons-nous si différemment ? Qu'est-ce qui nous sépare vraiment... et surtout, qu'est-ce qui pourrait nous rapprocher ? Un regard authentique, sans artifices ni lieux communs.

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