Expertise
L'impact des révolutions technologiques, économiques et sociétales sur les entreprises et l'avenir du travail. Interview.
L’écart de revenu moyen entre les femmes et les hommes en 2020 était encore de 30% selon une note du Conseil d’Analyse Economique (CAE).
Une inégalité qui constitue à la fois une atteinte à l’équité et un frein majeur à la croissance économique. En effet, les femmes hautement qualifiées se retrouvent aux tâches domestiques, un gaspillage de compétences qui coûte des dizaines de points de PIB à la France.
Dans cet entretien, la professeure d’économie à Toulouse Schoof of Economics (TSE) et membre du Conseil d'Analyse Économique (CAE), Emmanuelle Auriol pointe le rôle crucial de l’école, avec des filles qui décrochent des maths et des sciences dès le CP, alors que ce sont ces mêmes disciplines qui permettent d’accéder aux métiers les mieux rémunérés. Elle confirme également que la maternité est le facteur le plus déterminant dans l’écart salarial entre les femmes et les hommes; elle insiste sur un point : les femmes qui décident de mettre leur carrière entre parenthèses une ou deux années à la naissance d’un enfant doivent le faire en connaissance de cause, car la perte de revenus générée à ce moment-là ne sera jamais rattrapée. Elle pointe aussi l’impact négatif sur la natalité d’une mauvaise organisation de la société, et le phénomène du “child penalty” qui contraint les femmes à faire le choix entre carrière et enfants.
Parmi les préconisations du CAE figure le fameux « big push » : la mise en place conjointe et simultanée de plusieurs mesures, comme l’allongement du congé paternité, un meilleur enseignement des maths à l’école, ou encore la publication transparente des fourchettes de salaires dans les offres d’emploi.
Journaliste : Sophie Arutunian
Cadrage : Thibault Van Damme
Montage : Baptiste Legrand