Générations
Quand une millennial explore le rapport au travail des différentes générations
Aujourd’hui, laissez-moi vous emmener dans un voyage dans le passé : je vais vous peindre un portrait-robot de ma famille en vacances lorsque j’étais plus jeune.
Quand il n’était pas encore à la retraite, pendant ses congés, mon père planifiait des réunions et consultait ses mails tous les jours. Ma sœur, institutrice de sept ans mon aînée, continuait à préparer ses cours pendant ses vacances. Quant à mon frère, chef d’entreprise, c’est bien simple : il semble qu’il n’a jamais réellement pris de repos.
Alors quand moi, la cadette, avec mon envie de vacances perpétuelles, j’ai eu l’âge de poser des congés, je me suis tout de suite sentie différente. La vision des congés que l’on peut avoir est influencée par bien des critères : les responsabilités requises par le poste occupé, le type de métier, et peut-être même la personnalité de chacun. Mais n’y a-t-il pas non plus une question générationnelle derrière cette manière d’envisager ses jours de repos ?
Pour les plus jeunes des collaborateurs (la Gen Z), les congés semblent véritablement sacro-saints. Ils sont 58 % à dire qu’ils préféreraient obtenir plus de jours off qu’une augmentation de salaire, et 30 % seraient prêts à renoncer à une promotion en l’échange d’une semaine de congés payés en plus. De quoi rentrer dans les clichés qui continuent à circuler sur cette génération : les jeunes seraient donc bien fainéants, toujours en quête du moindre effort. Si vous lisez fréquemment cette chronique, vous le savez : je ne suis pas du genre à m’arrêter à ce type d’idées reçues.
Alors, en continuant à fouiller dans les études, je tombe sur un fait surprenant : même si les jeunes générations rêvent à plus de congés, elles en prennent paradoxalement moins que leurs aînés. La Gen Z renonce en moyenne à 3,7 jours de congés payés annuels, tandis que les Baby-Boomers en poseraient 0,3 supplémentaires. En tout, ce seraient donc cinq mois de vacances à l’échelle de leur carrière sur lesquels les Gen Z s'assiéraient ! Toujours selon cette étude, les raisons pour lesquelles les jeunes s’empêchent de prendre des vacances sont multiples. Parmi elles, on retrouve notamment la culpabilité de se faire remplacer par leurs collègues (47 % pour les Gen Z, contre seulement 15 % pour les Baby-Boomers), ou encore la crainte de manquer quelque chose d’important (51 % pour les jeunes, contre 16 % pour leurs aînés).
Sans compter que, lorsque les jeunes prennent effectivement des congés, c’est pour moins bien se reposer. Une fois en vacances, seuls 38 % des Gen Z affirment réussir à se déconnecter du travail, contre 45 % pour les Millennials, 55 % pour les générations X, et 67 % pour les Baby-Boomers selon un sondage Indeed et Censuswide réalisé en 2025. En bref : être un jeune actif aujourd’hui, c’est ressentir plus de pression à ne pas prendre de repos, tout en rêvant à quelques jours de congés, quitte à être moins payé.
Alors, à force de creuser ce sujet, je me demande surtout si l’on parle de génération… ou bien simplement d’âge. Si l’on avait lancé ces études à l’époque où mes parents avaient mon âge, qu’auraient-ils répondu sur le sujet ? Bien entendu, ils auraient eu moins de peine à déconnecter, sans les boucles de mails infinies aujourd’hui. Mais, par exemple, auraient-ils été aussi catégoriques sur l’importance de la rémunération par rapport au nombre de jours de congés ?
À bien y réfléchir, j’aime imaginer que mes aînés ont fait pareil de leur temps, lorsqu’ils étaient encore juniors. Qu’ils ont rêvé à une vie qui combine rémunération et congés, sans pour autant en profiter, remplis d’ambition et d’envie de progresser dans leur carrière. Et puis, qu’un jour, ils ont calculé le nombre d’années qu’il leur restait encore à travailler jusqu’à la retraite, et qu’ils ont compris qu’une carrière était un marathon plutôt qu’un sprint. Et qu’alors ils ont décidé de davantage poser les valises - ou plutôt, de plus souvent plier bagage pour couper avec le travail.
La seule différence générationnelle que je pressens porte sur le moment de leur carrière où les plus jeunes générations vont prendre conscience du besoin de pleinement se reposer pendant leurs congés. Là où nos parents, peu aguerris au concept de santé mentale, ont continué à cravacher jusqu’à tard dans leur carrière, je pressens que nous, Millennials et Gen Z, saurons profiter de nos vacances avant que la vie professionnelle ne nous dévore.
Et si on développait plutôt une vraie culture des congés… avant que nos enfants ne se souviennent de nous comme des vacanciers accrochés à leur boîte mail ?

Blogueuse RH & travail
Eléonor a une patte littéraire dans un gant de velours 2.0. Fascinée par les interactions humaines et l’univers du web, elle crée des contenus…
Générations
Vous êtes-vous déjà demandé ce qui se passe dans la tête de vos plus jeunes collaborateurs ? Ou pourquoi vos collègues plus âgés ne semblent pas travailler comme vous ? Appartenant moi-même à la génération des millennials, j’observe avec curiosité les nouvelles interactions humaines. Avec Générations, explorons comment les différentes générations façonnent leur rapport au travail : aspirations, valeurs et modes d’interaction. Une réflexion sur ce qui nous distingue… et ce qui pourrait nous rapprocher.