Melting work
Les inspirations et les modèles dénichés partout dans le monde
Un système de santé qui repose sur les assurances privées, mais qui s’efforce de ne laisser personne au bord du chemin. Un système où les patients choisissent librement leur assureur, tout en étant protégés contre ses décisions arbitraires. Un système classé 4ᵉ mondial pour l’innovation en matière de santé et dans lequel 92% des patients chroniques déclarent recevoir des soins de bonne qualité. Irréel ? Pourtant cela existe ! Sans glorifier sa perfection, ce modèle hybride tout droit venu des Pays-Bas interpelle par sa recherche d’un équilibre entre concurrence et solidarité, entre privatisation et universalité, mais aussi entre innovation et équité.
Le mariage improbable du privé et de l’universel
Les Néerlandais semblent avoir réussi un pari audacieux : confier leur santé à des assureurs privés, tout en gardant comme impératif d’éviter une fracture sociale. Le système repose sur une obligation d’assurance pour tous, avec une obligation pour les assureurs d’accepter tous les clients, sans discrimination. Les compagnies d’assurance n’ont pas le droit de refuser un patient pour ses antécédents médicaux ou son âge. Le gouvernement définit un panier de soins minimum que tous les assureurs doivent couvrir et les Néerlandais choisissent librement leur prestataire. Cette organisation a donné des résultats a priori inattendus : la privatisation peut conduire à une meilleure couverture santé. Par le jeu de la concurrence, les assureurs sont incités à innover en qualité plutôt qu’en rognant sur la couverture des risques. Ils doivent améliorer la prévention et l’efficacité des soins plutôt qu’évincer les malades coûteux.
La double hélice des inégalités et de la santé
La santé et les inégalités sociales, c’est un serpent de mer. Si beaucoup de pays travaillent déjà sur ce lien, les Néerlandais ont pris le taureau par les cornes et ont adopté une approche bidirectionnelle. Cette vision en “double hélice” reconnaît qu’une mauvaise santé peut limiter l’éducation, l’emploi et la mobilité sociale, créant un cercle vicieux. Être malade coûte cher et peut conduire à la pauvreté, qui elle-même détériore la santé. Les Néerlandais ont compris qu’investir dans la santé est un moyen de lutter contre les inégalités sociales. Cette approche bidirectionnelle se traduit par des politiques ciblées, comme les dépistages précoces dans les quartiers défavorisés, un accompagnement personnalisé des patients chroniques pour maintenir leur emploi, ou encore des programmes d’éducation à la santé adaptés aux différents niveaux socioculturels. Les soins dentaires, par exemple, révèlent les forces et les faiblesses du modèle néerlandais. Malgré un taux remarquablement bas de renoncement aux soins chez les plus défavorisés, les soins dentaires pour adultes ne sont pas inclus dans l’assurance de base et peuvent avoir un coût conséquent. Pourtant, les Néerlandais consultent fréquemment leurs dentistes (3,3 visites annuelles en moyenne), grâce à une politique de prévention massive dès l’enfance et de gratuité des soins jusqu’à 18 ans. Dans l’ensemble, les performances globales de ce système de santé sont impressionnantes. D’après un rapport récent de l’OCDE, 74% des malades chroniques déclarent être en bonne santé physique, 85% en bonne santé mentale, et 90% estiment recevoir des soins adaptés à leurs besoins, soit des scores supérieurs à la moyenne de l’OCDE.
Décentralisation : quand les territoires deviennent laboratoires de santé
Les Pays-Bas ont par ailleurs pris une position tranchée en confiant à leurs territoires le soin de soigner. Ainsi, ce sont les municipalités néerlandaises qui ont une responsabilité centrale quant aux soins de proximité, qu’elles gèrent selon les besoins spécifiques de leur population. Cette décentralisation s’appuie sur un système de soins primaires solide avec le rôle central du médecin généraliste qui coordonne l’accès aux spécialistes et la prise en charge globale. Cette organisation raccourcit les temps d'attente et réduit les actes redondants. Le revers de ce système pourrait être l’apparition d’inégalités territoriales criantes. Cependant, les Néerlandais l’ont anticipé en maintenant un cadre national solide qui garantit des standards minimums partout, tout en laissant aux territoires une marge de manœuvre pour expérimenter et s’adapter. Les 31 bureaux de soins régionaux jouent un rôle de gardien pour s’assurer que la décentralisation ne se transforme pas en fragmentation. Un modèle qui transforme les régions en véritables laboratoires d’innovation sociale et médicale.

Exploratrice RH
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Melting work
Bienvenue à bord de la chronique qui vous emmène dans les coulisses des entreprises d’ailleurs, là où les cultures se mélangent, innovent et inspirent. Venez explorer les pratiques de travail qui font bouger les lignes à travers le monde. Sans jargon et avec les éclairages des experts en management interculturel, vous découvrirez le travail sous un jour nouveau. Attention au décollage ; gardez la ceinture attachée durant notre voyage car vos certitudes risquent d’être bousculées !