Retour

  5 mins

 

Article - Métier

Responsable green IT : rendre le numérique (enfin) compatible avec la planète

Responsable Green IT réduisant l’impact écologique du numérique

Nouveaux métiers

Chaque semaine un métier en émergence

Un mail envoyé. Une vidéo lancée. Un document stocké. Des gestes anodins, mais qui laissent des traces. À l’échelle mondiale, le numérique représente désormais 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Un chiffre qui dépasse celui du trafic aérien !

Face à cet impact gigantesque, une prise de conscience s’amorce. Il est temps de traquer les gaspillages numériques, du serveur mal ventilé aux logiciels trop gourmands. C’est le rôle du responsable green IT. Au-delà des tâches très prosaïques, il transforme en profondeur les usages, les outils, les réflexes, pour que la performance informatique rime (enfin) avec sobriété.

Le métier décrypté

Le responsable green IT, aussi appelé sustainable IT manager, a pour mission de réduire l’empreinte environnementale des systèmes d’information. Ce métier touche à toute la chaîne numérique : serveurs, logiciels, terminaux, cloud, usages, achats, gestion des déchets, etc. Il commence souvent par un audit complet du parc informatique pour mesurer la consommation d’énergie, estimer les émissions de CO2 et repérer les améliorations.  

Puis viennent les actions concrètes : virtualisation des serveurs, migration vers un cloud plus sobre, achats responsables (équipements reconditionnés, labellisés Energy Star ou EPEAT, fournisseurs engagés). Il pilote les économies d’énergie, comme l’activation du mode veille la nuit ou l’installation de systèmes de refroidissement passif dans les salles serveurs.

Le responsable green IT fait aussi le lien avec les équipes de développement pour intégrer les principes d’éco-conception logicielle, par exemple des interfaces allégées, des animations plus sobres ou moins de requêtes vers le serveur. Il anime des ateliers sur la sobriété numérique et rédige des guides pratiques. Il joue enfin un rôle clé dans le reporting extra-financier : il suit les indicateurs ESG (environnement, social, gouvernance), alimente les rapports CSRD (directive européenne sur la transparence durable) et travaille avec la direction informatique (DSI), la RSE, les achats, parfois même les RH et la communication.

LE LEXIQUE POUR COMPRENDRE

  • Bilan carbone du SI : évaluation des émissions de gaz à effet de serre générées par le système d’information d’une organisation (serveurs, logiciels, équipements, réseaux, cloud…)
  • Analyse de cycle de vie (ACV) : mesure de l’impact environnemental d’un service ou d’un produit numérique, de sa fabrication jusqu’à sa fin de vie, en intégrant toutes les étapes intermédiaires
  • PUE (Power Usage Effectiveness) : indicateur utilisé pour mesurer l’efficacité énergétique d’un data center. Plus il se rapproche de 1, plus le centre est performant.
  • Green coding : pratiques de développement logiciel visant à réduire la consommation de ressources (code plus léger, moins de requêtes, meilleure efficacité des traitements)
  • Cloud durable : services d’hébergement conçus pour limiter l’empreinte environnementale, en misant sur l’efficacité énergétique et l’utilisation d’énergies renouvelables
  • Sobriété numérique : usages numériques plus responsables, en réduisant les volumes de données, les équipements superflus et les consommations inutiles
  • RGESN (Référentiel général d’écoconception de services numériques) : cadre officiel en France qui guide les projets vers des conceptions plus sobres
  • Critères ESG (Environnement, Social, Gouvernance) : évaluent la performance extra-financière d’une organisation.
  • CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) : directive européenne qui impose un reporting détaillé sur les impacts environnementaux et sociaux des entreprises

Les compétences clés

Le responsable green IT n’est pas un technicien isolé, ni un militant écolo parachuté dans un service IT. Il avance sur deux fronts : comprendre les systèmes d’information de fond en comble et savoir où se cachent les impacts environnementaux.

Concrètement, il maîtrise les architectures réseaux, les data centers, les postes de travail, le cloud. Il sait où chercher pour traquer les gaspillages : un serveur sous-utilisé, un logiciel trop gourmand, un matériel renouvelé trop vite. Pour appuyer ses diagnostics, il s’appuie sur des outils comme NegaOctet, les référentiels de l’ADEME, ou les méthodes d’analyse de cycle de vie (ACV). Il manie aussi des indicateurs comme le PUE, qui mesure l’efficacité énergétique des data centers.

Mais son rôle ne s’arrête pas à identifier les problèmes. Ce métier exige aussi un vrai sens du collectif. Ainsi, il accompagne les équipes techniques dans des projets très concrets : revoir un site web trop lourd, alléger un logiciel, intégrer les principes du green coding dès la phase de développement. Le but : faire moins, mais mieux et de façon plus durable. Le Responsable Green IT travaille en transversal, avec la DSI, la RSE, les achats, les métiers.  

La formation idéale ? Un Bac+5 en informatique, ingénierie ou développement durable, complété par une spécialisation en numérique responsable. Plusieurs établissements proposent aujourd’hui des cursus dédiés, comme le Mastère Manager Green IT de l’IET, le Mastère Green IT de Coda School ou le Titre Expert Green IT (RNCP 40561). Des formations courtes certifiantes sont aussi accessibles via GreenIT.fr ou EduGroupe.

Avenir du métier et évolutions possibles

Le métier décolle, sous la pression de l’urgence climatique, des régulations et de la hausse continue des coûts énergétiques. En 2025, près de 270 postes de Responsable Green IT sont ouverts… pour à peine 50 candidats disponibles, selon France Travail. Un déséquilibre qui en dit long sur la tension du marché… et sur l’urgence à former.

Dans les entreprises, la fonction prend de l’ampleur. Ce n’est plus un rôle annexe planqué dans un coin de la DSI ou de la RSE. Le Responsable Green IT est désormais impliqué dans les décisions stratégiques. Il suit les indicateurs environnementaux, pilote le reporting extra-financier, et intervient sur des sujets sensibles : mise en conformité CSRD, cloud durable, IA responsable.

Côté salaires, un débutant peut viser entre 35 000 et 42 000 € bruts annuels à Paris (un peu moins en région), selon le baromètre Seyos. Un profil confirmé dépasse les 55 000 €, et un manager expérimenté peut franchir les 60 000 €.

Les évolutions possibles ne manquent pas : vers un poste de Directeur du numérique responsable, de consultant Green IT en cabinet, ou vers des métiers hybrides mêlant durabilité, data, cloud et cybersécurité. Le Responsable Green IT ne coche pas une case RSE. Il oblige l’entreprise à passer du discours aux actes. 

Exploratrice RH

Hanna aurait pu être anthropologue, mais elle a préféré observer l’espèce la plus étrange qui soit : l’homo corporatus. Ancienne RH reconvertie en…

Notre actu dans votre inbox

Restez informés de toute l’actu
& inspirez-vous au quotidien