À l’horizon 2025, l’emploi des personnes en situation de handicap reste encore un défi majeur pour les entreprises françaises. L’étude prospective "Entreprises, travail et handicap" met en lumière trois grandes tendances : la progression fragile de l’inclusion, l’impact des mutations du travail et la nécessité d’une mobilisation accrue des organisations. Car au-delà de l’obligation légale, l’inclusion est un levier d’innovation, de cohésion sociale et d’attractivité.
Une inclusion qui progresse… mais reste fragile
En France, un peu plus d’un million de personnes handicapées occupent un emploi, mais leur taux de chômage reste deux fois supérieur à celui de la population générale, avec 14 % contre 7 %. L’étude souligne que malgré une meilleure sensibilisation, l’obligation d’emploi fixée à 6 % n’est atteinte en moyenne qu’à 3,5 %. Et seules 42 % des entreprises disposent d’un plan structuré en faveur du handicap.
Les dispositifs légaux comme l’Agefiph ou les accords d’entreprise ont certes permis des avancées, mais l’écart entre intentions et réalité demeure marqué. Pourtant, dans un scénario dit de la « seconde chance », le taux d’activité des personnes handicapées pourrait grimper à 55 %, à condition d’être porté par une politique de formation renforcée.
Le travail en mutation, une opportunité à saisir
Télétravail, automatisation et transition numérique bouleversent l’organisation du travail depuis plusieurs années. Pour les personnes handicapées, ces évolutions sont ambivalentes. En effet, d’un côté, 56 % des entreprises voient dans le télétravail un levier d’inclusion, mais de l’autre, seules 36 % d’entre elles vérifient systématiquement l’accessibilité de leurs logiciels.
La montée des métiers liés au numérique et aux services à la personne peut être source d’opportunités, mais suppose d’investir dans la formation et l’accompagnement, et celle-ci est alors identifiée comme levier prioritaire de l’insertion. Avec deux autres chantiers additionnels : l’accès à l’enseignement supérieur – encore limité à quelques milliers de jeunes handicapés dans les lycées généraux – et le rôle central des PME, où va se concentrer demain l’essentiel des créations d’emplois.
Une mobilisation qui reste à construire
Aujourd’hui, 62 % des dirigeants considèrent l’inclusion du handicap comme un enjeu stratégique, mais seuls 28 % l’intègrent à leurs politiques RSE. Les grandes entreprises ouvrent la voie : 70 % disposent d’un référent handicap, contre seulement 18 % des PME. Or ce sont elles qui accueilleront la majorité des nouveaux emplois.
Les scénarii prospectifs sont très contrastés. Dans l’ère de la diversité, la prise en compte des différences devient levier de performance. Pourtant un clivage persiste : seules les personnes handicapées les plus qualifiées intègrent le marché du travail, les autres étant cantonnées à des dispositifs sociaux.
Les acteurs publics et privés sont donc appelés à renforcer leurs efforts et leur coordination : développer des dispositifs d’accompagnement personnalisés comme le job coaching, soutenir l’innovation dans les ESAT et entreprises adaptées, ou encore inclure systématiquement la dimension handicap dans les accords d’entreprise.

Journaliste et cheffe d'édition
Séverine explore les domaines de l’économie, de la société, de la culture et des territoires, avec un même fil rouge : rendre l’information…