À la loupe
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Selon une enquête de l’Apec réalisée au printemps 2025 auprès de 2 005 cadres en emploi - dont 1 097 parents d’enfants mineurs et 908 sans enfants mineurs -, concilier travail et vie de famille reste un vrai casse-tête. Malgré des aménagements qui se généralisent, beaucoup de parents cadres disent manquer de temps, renoncer à des moments de détente ou freiner leur carrière pour tenir leurs deux rôles de front. Les mères, notamment, sont en première ligne.
Un équilibre difficile à trouver
Concilier travail et vie de famille n’est pas chose aisée pour les cadres parents. 37 % d’entre eux déclarent rencontrer des difficultés, soit 10 points de plus que leurs collègues sans enfant mineur. Le défi est encore plus marqué avec de très jeunes enfants : 45 % des parents d’enfants de moins de 6 ans disent éprouver ces difficultés, contre 41 % pour ceux dont les enfants ont entre 6 et 10 ans.
Ces contraintes entraînent des concessions, qu’il s’agisse de loisirs, de rendez-vous médicaux ou de participation à des moments informels de la vie d’entreprise. 44 % des parents déclarent ainsi renoncer à ces temps collectifs (pots, afterworks…), un chiffre qui grimpe à 53 % avec de très jeunes enfants. À terme, ces renoncements pèsent sur les trajectoires : 30 % estiment rater des opportunités de carrière, soit 7 points de plus que les autres cadres. 31 % ont déjà renoncé à changer d’entreprise, et 13 % sont allés jusqu’à décliner une promotion.
La clé : davantage de flexibilité
Pour y faire face, les cadres identifient avant tout un levier : la souplesse organisationnelle, citée par 49 % comme la mesure la plus importante à mettre en œuvre. Suivent les autorisations spéciales d’absence liées à la parentalité (34 %) et les règles pour favoriser l’équilibre vies professionnelle et personnelle, comme le droit à la déconnexion (33 %).
Dans les faits, cette flexibilité est déjà largement répandue : 84 % des cadres déclarent en bénéficier, dont 20 % dans une organisation jugée « très flexible ». 73 % des parents modulent leurs horaires pour gérer un rendez-vous ou s’occuper des enfants, tandis que 61 % retravaillent en soirée, plus que les autres cadres (55 %). Le télétravail participe aussi de cet ajustement : 67 % des parents l’utilisent régulièrement, contre 64 % des autres. Et ils choisissent leurs jours en fonction des réunions (44 %), mais aussi de leur organisation familiale (44 %). Dans l’ensemble, les collègues (87 %) comme les managers (83 %) apparaissent compréhensifs, signe que la parentalité est désormais mieux comprise et intégrée au quotidien professionnel.
Surcharge mentale, surtout pour les mères
Les parents cadres sont plus nombreux que les autres à travailler sous pression (45 % contre 36 %) et à déclarer « penser à trop de choses à la fois » (68 % contre 58 %). Dans le détail, la charge repose très largement sur les mères : 55 % assurent les rendez-vous médicaux des enfants, 50 % la garde en cas de maladie, 43 % en cas de défaillance de mode de garde ou d’école, contre respectivement 22 %, 18 % et 21 % des pères. Les arbitrages sont visibles jusque dans le temps de travail : 14 % des mères cadres sont à temps partiel, contre 3 % des pères.
Elles se disent d’ailleurs plus exposées à l’épuisement professionnel : 62 % des mères cadres en font état (contre 53 % des pères), grimpant jusqu’à 64 % pour celles qui élèvent seules leurs enfants.

Journaliste
Qu’il s’agisse d’économie, de design ou de presse jeunesse, Marie, journaliste de métier, aime explorer des univers contrastés (différents ?) et en…