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chronique - Générations

Revenge quitting : la Gen Z claque la porte, la Gen X serre les dents

Jeune salariée quittant son bureau illustrant le phénomène du revenge quitting

“Au revoir, au revoir Président !” Vous vous souvenez de cette publicité mythique pour le Loto, dans laquelle l’heureux gagnant quitte son patron en chantant à tue-tête ? Cette pub a rythmé une partie de ma jeunesse devant la télé. Et je crois que, comme beaucoup, j’ai toujours trouvé l’idée assez jouissive. 

Eh bien, le revenge quitting, c’est un peu ça… mais sans le ticket gagnant. Et surtout sans préavis.

Le revenge quitting, késako ?

Née aux États-Unis, cette tendance RH arrive en France. Le principe : quitter son emploi de la façon la plus problématique possible pour son employeur. Ça peut prendre plusieurs formes : partir pile en période de rush, ne rien transmettre à son successeur, couper l’accès aux outils, voire supprimer quelques données au passage. Ambiance...

Et les chiffres montrent que le phénomène ne se limite pas à quelques cas isolés : 17 % des salariés américains déclarent avoir déjà pratiqué le revenge quitting. En France, la pratique reste plus marginale, mais l’envie est bien présente : 36 % des salariés disent vouloir potentiellement quitter leur job cette année. Et sans surprise, ce sont les jeunes qui caracolent en tête : 46 % des 18-24 ans et 52 % des 25-34 ans rêvent déjà d’une grande sortie théâtrale.

Pourquoi tant de rage ?

Ceux qui s’adonnent au revenge quitting ne se privent pas d’expliquer pourquoi. Management toxique, charge de travail déraisonnable, communication interne inexistante… Bref, le cocktail parfait pour transformer une démission en acte de vengeance. Et accessoirement, en post TikTok aux milliers de likes.

Une affaire de générations ?

On pourrait croire que seuls les Gen Z aiment appuyer sur le bouton “drama” avant de partir. Mais au fond, soyons honnêtes : on a tous, toutes générations confondues, probablement déjà caressé l’idée d’un revenge quitting. La différence, c’est que certains en rêvent tout bas quand d’autres diffusent déjà sur Instagram.

Chez leurs aînés, ce rêve reste souvent coincé dans la gorge. La génération X, par exemple, est la plus inquiète à l’idée de démissionner : 48 % des 45-54 ans redoutent de le faire, d’après une étude Indeed x CensusWide 2025 (non diffusée publiquement). Leurs freins ? La peur de l’instabilité financière, l’habitude du confort, la crainte des regrets. Ils rêvent peut-être d’un départ façon soap opéra, mais finissent le plus souvent par rester très silencieux.

Le vrai risque : le revenge staying

Et si le plus gros danger pour les entreprises n’était pas les courageux qui partent, mais les mécontents qui restent ? Avec la crise, les incertitudes liées à l’IA et la difficulté à retrouver un emploi, beaucoup de salariés choisissent de ne pas bouger. Et les plus déçus de leur entreprise entrent alors dans une forme de “revenge staying” : ils ne croient plus en leur job, traînent des pieds, voire sabotent passivement les projets.

Mais, si vous me connaissez, vous le savez : j’ai envie d’être optimiste. Oui, il y a des départs théâtraux et des TikTok de démissions rageuses. Mais j’y vois surtout un signal : les collaborateurs ne veulent plus subir, ils veulent être de plus en plus acteurs du monde du travail. Et ça, c’est plutôt la bonne nouvelle.

Alors au lieu de redouter le revenge quitting ou le revenge staying, pourquoi ne pas inventer l’inverse ? J’appellerais ça l’engaged staying : des collaborateurs qui restent parce qu’elles et ils s’y sentent bien, ont coconstruit leur environnement de travail avec les RH et la direction, et voient du sens dans ce qu’ils font.

Les entreprises qui vont tirer leur épingle du jeu sont celles qui s’accorderont le temps de prendre la température régulièrement, d’ajuster, d’écouter vraiment. Bref, celles qui oseront remettre de l’humain là où on a mis beaucoup (trop) de process. 

Blogueuse RH & travail

Eléonor a une patte littéraire dans un gant de velours 2.0. Fascinée par les interactions humaines et l’univers du web, elle crée des contenus…

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