À New York, une nouvelle recrue, Lean In, présente son projet devant un cercle de dirigeantes. À Lagos, des banquières scellent des promesses d’entraide dans un club privé. À Milan, des cadres expérimentées se prêtent au jeu du reverse pitching, coachées par des juniors. Trois scènes, trois continents, un même fil rouge : la sororité.
Ici, pas de cocktails mondains ni de discours inspirants. Mais des rituels structurés où l’on s’engage, où les promesses se comptent en promotions et où la solidarité se mesure en sièges de “board”.
Italie : la sororité structurée comme un business plan
Le réseau Valore D, qui rassemble plus de 300 entreprises de Pirelli à UniCredit, a fait de la sororité un véritable outil de progression. Sisterhood Circles mensuels, speed mentoring, coaching pour accéder aux conseils d’administration : ces formats très pragmatiques débouchent sur des résultats concrets. Les participantes sont deux fois plus susceptibles d’obtenir une promotion, leur confiance grimpe de 32 %, et le turnover recule de 21 %.
En Italie, la sororité ne se résume pas à de belles intentions : elle se traduit par des carrières accélérées, une rétention mesurée et une représentation accrue dans les comités stratégiques. Bref, quand la solidarité adopte les codes du business, elle devient un moteur puissant de l’empowerment et de la performance.
États-Unis : la sororité en mode accélérateur de carrière
Aux États-Unis, la sororité prend des airs de rituel codifié. Les Success Circles fonctionnent comme des groupes de stratégie de carrière, les dîners C-suite Pairing rapprochent des dirigeantes de secteurs différents, et chaque année, des rapports comme le WBC Women CEO Report mettent noir sur blanc les progrès réalisés. Derrière ces formats, on retrouve les géants du S&P 500, de JP Morgan à PepsiCo, qui financent et structurent l’ensemble.
Le résultat est visible : la cooptation ne relève plus du coup de chance ou du “coup de pouce entre copines”, mais d’un processus répété, presque automatique. Entrer dans un cercle, pitcher son projet, obtenir un mentor, puis une nomination : la mécanique est bien huilée. Et c’est peut-être là que réside la vraie force de ces rituels américains : transformer l’exception en process.
Nigeria : la sororité comme ascenseur social
Au Nigeria, la sororité prend des airs de plan national. Le programme WomenLift Health Leadership Journey, qui combine mentorat, coaching et immersion, annonce que 40 % des participantes obtiennent une promotion en un an. La Young Women’s Leadership Conference d’Abuja a réuni plus de 1 000 femmes et débouché sur des nominations publiques et privées.
La force nigériane tient à la densité des réseaux et à leur visibilité. Conférences, clubs d’entraide et programmes nationaux ont transformé la solidarité en infrastructure sociale. Ici, la sororité ne sert pas seulement à briser l’isolement, elle agit comme un levier systémique capable de hisser des centaines de femmes en même temps dans la banque, la tech ou l’industrie.
De Milan à Lagos en passant par New York, la sororité change d’échelle quand elle cesse d’être ponctuelle pour devenir un rituel. Au-delà du registre inspirant, elle installe les femmes au cœur de la décision.

Exploratrice RH
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