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chronique - Sciences

"Le Ministère du futur" : un roman qui défie le fatalisme climatique

Couverture du roman Le ministère du futur de Kim Stanley Robinson, fiction climatique engagée

L’auteur américain Kim Stanley Robinson imagine une institution créée pour défendre les droits des générations futures face au climat. Son roman suit Mary Murphy, directrice du Ministère du futur, qui réussit la transition écologique de la Planète après une vague de chaleur meurtrière en Inde.

« Le ministère du futur » s’inscrit dans un nouveau genre, la science-fiction climatique - ou « cli-fi » - qui explore les conséquences du changement climatique. 
Mais contrairement à beaucoup de dystopies, le roman est porteur d’espoir.

Pourquoi ce livre est important ?

Raison numéro une : le livre redonne foi en l’action politique et collective. Raison numéro deux : c’est un vrai roman d’aventure. À rebours de la dystopie noire où tout commence bien mais où tout finit mal, Kim Stanley Robinson montre que par le combat humain et politique, un autre futur est possible. 
Le récit s’ouvre sur une vague de chaleur causant des millions de morts en Inde. Cet événement signe un point de rupture mondiale et déclenche (enfin) une prise de conscience planétaire. Mary Murphy, ancienne avocate et ancienne ministre des Affaires étrangères de la République d’Irlande  est choisie pour diriger le nouveau « Ministère du futur », une agence créée par l’ONU et destinée à « plaider la cause des générations futures de citoyens du monde », ceux dont « les droits sont aussi valables que les nôtres. » 
Femme engagée, pragmatique et déterminée, Mary Murphy s’engage dans une lutte politique intense pour la transition écologique avec Frank May, un travailleur humanitaire traumatisé par la catastrophe. Tous les deux ont un rôle déterminant dans les dix années nécessaires à la transformation de l’histoire de l’humanité.

Le roman est l’histoire des dix années nécessaires pour donner un nouveau futur à la Planète. Il nous emmène avec elle dans la transformation de l’agriculture, la redistribution des ressources, la création d’une nouvelle monnaie. Une aventure qui est aussi l’occasion de se plonger dans une réflexion très informée sur la science climatique, l’économie, la psychologie politique et les rapports de force mondiaux. Le roman illustre la nécessaire multiplicité des voix et des approches pour réinventer le futur. Il montre aussi combien le changement climatique est aussi une affaire humaine et  émotionnelle.

Les plus du livre

 

  • Les chapitres courts racontent à la fois des réunions stratégiques, des actions de terrain, des discussions informelles à l'ONU ou à la Fed, les luttes internes entre intérêt économique et justice climatique.
  • Le récit choral : de nombreux chapitres présentent des points de vue complémentaires et mettent en scène à la fois l’engagement individuel, les négociations institutionnelles et la recherche de solutions concrètes à travers le monde entier. Comme l'indique l'auteur dans une note, certaines "associations et projets (...) sont bien réels et déjà à l'œuvre pour lutter contre le dérèglement climatique."
  • Le livre se projette vers le futur mais il est écrit comme pourrait l"être une reportage. L'écriture est vive, très contemporaine et contribue à nous projeter dans un vrai tour du monde des solutions climatiques. 
     

Pourquoi ce titre ?

La clé du titre est donnée dès le début du roman. L’auteur explique que c’est le nom donné à l’agence onusienne fictive créée par l’Accord de Paris par « un journaliste [qui] crut bon de surnommer cette agence « ministère du Futur », une expression qui se répandit comme une trainée de poudre ». Le ministère, placé à Zurich, n’est pas un ministère classique : il incarne le droit d’agir « pour le futur » et symbolise la volonté de penser le long terme et de dépasser l’horizon court-termiste.

Qui est l’auteur ?

Kim Stanley Robinson, né en 1952 dans l’Illinois aux États-Unis, est un auteur majeur de la science-fiction contemporaine. Auteur d’un thèse sur Philip K. Dick, il s’intéresse depuis toujours aux utopies, à l’histoire alternative et aux changements climatiques. Avant la publication de « Le Ministère du futur », il était surtout connu pour sa trilogie sur Mars : « Mars la rouge », « Mars la verte » et « Mars la bleue ». Son œuvre est connue pour sa précision scientifique. En 2008, le magazine états-unien Time lui a décerné le titre de « Héros pour l’environnement ».

Verdict : c’est oui ou bien c’est non ?

Alerte chef d’œuvre. Le livre se distingue par sa capacité à mettre en scène avec lucidité la question la plus brûlante et globale de notre époque : l’urgence climatique. Mais au lieu d’un futur désolé, Kim Stanley Robinson choisit de montrer qu’un basculement est possible. Enfin un roman de science-fiction malin et porteur d’espoir.


Fiche d’identité

Éditeur : Braguelonne - collection « SF Poche »
Auteurs : Kim Stanley Robinson (traduit de l’anglais US par Claude Mammier)
Genre : roman
Date de publication : 2024 (France), 2020 (États-Unis)
Nombre de pages : 670

Journaliste et rédactrice en chef

Journaliste, rédactrice en chef et podcasteuse, Emmanuelle exerce des fonctions multiples, toutes guidées par un objectif commun : comprendre,…

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