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chronique - Inclusion

En Europe du Sud, l’emploi des personnes handicapées dépasse la logique du quota

Illustration : inclusion des personnes handicapées et emploi en Europe du Sud

En France, le quota est clair : 6 % de travailleurs handicapés dans les entreprises de plus de 20 salariés. Mais dans les faits, on plafonne à 3,6 % du taux d’emploi dans le secteur privé. Près d’un tiers des entreprises préfèrent financer l’Agefiph plutôt que d’embaucher. Et même dans le secteur public, la cible n’est qu’effleurée.

Autrement dit, la règle existe, mais son application patine. Pendant ce temps, au sud de l’Europe, les systèmes de quotas produisent des résultats plus tangibles.

Un quota ne crée pas une politique d’inclusion

Sur le papier, la contrainte est claire. Un pourcentage imposé, une amende si l’on ne joue pas le jeu, des fonds pour financer l’insertion. La France a fixé un objectif ambitieux par rapport au reste de l’Europe : 6 % obligatoires. Pourtant, le compte n’est toujours pas bon :  le chômage des personnes en situation de handicap stagne à 12%, soit le double du reste de la population active.  

Pourquoi ? Parce qu’un quota fixe un cap, mais ne change pas les mentalités ni les pratiques. Beaucoup d’entreprises préfèrent payer la contribution plutôt que de recruter. D’autres se contentent du strict minimum, sans accompagnement réel ni adaptation de postes. La règle existe, mais elle n’entraîne pas, à elle seule, une vraie transformation.

Au Sud, le quota débouche sur un vrai contrat social

En Espagne, au Portugal, en Italie ou en Grèce, les quotas ne sont pas plus magiques qu’ailleurs. Mais ils s’articulent avec autre chose : des aides ciblées, des subventions pour adapter les postes, un accompagnement associatif ou mutualiste et une administration moins tatillonne. La contrainte devient donc un levier plutôt qu’une simple formalité.

Ajoutez à cela un tissu économique dominé par les PME, plus souples et plus proches de leurs salariés, et une culture sociale où la solidarité familiale et collective est forte. Le handicap n’est pas vu comme une statistique, mais une réalité partagée. C’est cette combinaison — obligation, incitation et acceptation culturelle — qui explique pourquoi l’écart d’emploi y est plus faible qu’ailleurs en Europe.

L’inclusion commence là où le texte s’arrête

Face à la règle, les entreprises méditerranéennes n’ont pas seulement embauché : elles ont inventé. Formations internes, réseaux d’employeurs, partenariats locaux, sensibilisation des équipes… Le quota a été le déclencheur, mais c’est l’écosystème autour (aides publiques, proximité managériale, solidarité sociale) qui a permis d’ancrer ces pratiques.

En France aussi le cadre existe, solide et ambitieux. Ce qui manque parfois, c’est la fluidité et la confiance pour transformer l’obligation en dynamique partagée. Nous gagnerons probablement à ne pas nous focaliser uniquement sur les quotas, mais sur tout l’écosystème nécessaire pour leur donner vie. Et peut-être que le secret d’une vraie inclusion réside moins dans un chiffre fixé par la loi que dans la culture qui l’entoure.

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