Nouveaux métiers
Chaque semaine un métier en émergence
Restaurer une zone humide, planter une micro-forêt, protéger un oiseau menacé... Plusieurs actions pour une même vocation : préserver nos écosystèmes, particulièrement mis à mal par l’activité humaine. Mais sous cet intitulé générique se cachent des dizaines de métiers “pieds sur terre”, comme le technicien de rivière, l’animatrice nature, le garde forestier ou encore l’ingénieure écologue.
Leur mission commune : agir concrètement afin que le vivant ait encore un avenir. Et dans un monde où la diversité s’effondre, cette mission n’est pas un caprice de génération Z ou d’écolos en bottes vertes, mais bien un impératif écologique, social et politique.
Le métier décrypté
Ils ne travaillent pas toutes ou tous dans des forêts reculées ou des zones humides protégées. Certains arpentent les berges d’une rivière, d’autres sillonnent les sentiers d’un parc urbain ou rédigent des plans de gestion pour des collectivités. Les professionnel·les de la préservation des écosystèmes interviennent partout où la biodiversité est menacée. Leur rôle : protéger, restaurer, surveiller et transmettre. Ainsi, elles et ils entretiennent des espaces naturels, suivent les espèces menacées, mènent des actions de reboisement, ou encore animent des ateliers auprès du grand public. Certains coordonnent des projets à grande échelle, d’autres agissent à la main, à la bêche ou au filet à papillons ! Les gardien·nes du vivant, c’est en réalité une véritable constellation de métiers. Parmi eux : technicien·ne de rivière, garde nature, animateur·rice biodiversité, opérateur·rice de génie écologique, ingénieur·e écologue, consultant·e en restauration, chargé·e de mission biodiversité… La liste est longue, et les spécialisations nombreuses.
Le lexique du métier
Dans ce secteur, les appellations sont parfois aussi complexes que les écosystèmes que l’on cherche à préserver. Petit tour d’horizon des incontournables :
Biotope : espace naturel aux conditions écologiques homogènes.
Biocénose : ensemble des êtres vivants qui peuplent ce biotope.
Écosystème : duo formé par la biocénose et le biotope, autrement dit, les vivants + leur environnement.
Anthropisation : modification d’un milieu par l’activité humaine.
Résilience écologique : capacité d’un écosystème à se remettre d’un événement climatique, comme la sécheresse, la pollution, un incendie, etc.
Réseau trophique : ensemble des chaînes alimentaires reliées entre elles dans un même milieu.
Méthode Miyawaki : technique de plantation dense pour créer des micro-forêts très riches en biodiversité, même en milieu urbain.
Les compétences clés
Préserver les écosystèmes est une mission exigeante qui demande à la fois une expertise scientifique pointue, un sens du terrain et des qualités humaines bien affûtées. Du côté des compétences techniques, ces experts doivent :
- Comprendre les systèmes vivants, pour savoir lire les équilibres naturels. Cela passe par des connaissances solides en écologie, biologie, géologie ou chimie de l’environnement.
- Mettre la main à l’ouvrage : sur le terrain, il faut savoir restaurer une zone humide, stabiliser une dune, ou reboiser une parcelle. Des gestes concrets, souvent transmis par l’expérience, aux côtés de forestiers ou de paysagistes.
- Bien maîtriser le cadre réglementaire, en particulier les lois sur la biodiversité, les espèces protégées, les contraintes liées aux sites classés… Chaque intervention doit respecter un cadre précis.
- Savoir piloter des projets, ce qui implique souvent de monter des dossiers, de gérer un budget, de coordonner différents acteurs, comme les collectivités, les associations, les bureaux d’études et les agriculteurs.
Du côté de soft skills, les métiers de protection de la biodiversité demandent des qualités humaines précises et notamment :
- Le sens de l’engagement : ces métiers attirent des profils très impliqués. L’engagement personnel est un moteur, mais il faut aussi savoir poser des limites.
- Le goût du collectif : la préservation des écosystèmes est rarement une mission solitaire. Il faut composer avec des points de vue divergents et savoir trouver des compromis.
- La capacité à vulgariser pour pouvoir convaincre un élu local, animer un atelier pour enfants ou encore répondre à un exploitant agricole… Cela demande de la clarté et un vrai sens de la pédagogie.
- La résilience : les projets sont souvent longs et fastidieux et les résultats se font attendre. Il faut savoir avancer malgré les retards, les désaccords ou les retournements politiques.
Avenir du métier et évolutions possibles
La bonne nouvelle ? Compte tenu des défis écologiques gigantesques qui nous attendent, la demande en ces expertises spécifiques devrait croître. La mauvaise ? Il faudra beaucoup plus de bras, de cerveaux et de bottes pour faire face à l’effondrement du vivant. En France, environ 202 000 emplois sont aujourd’hui mobilisés autour de la biodiversité. Les politiques publiques dicteront sans doute le rythme de la croissance de ces métiers, notamment via la planification écologique, le développement de la trame verte et bleue, ou encore la renaturation des villes… La demande grandit, notamment dans les collectivités, les bureaux d’études, les ONG, mais aussi dans certaines entreprises engagées dans une démarche RSE.
Côté formation, les cursus se structurent. On peut entrer dans la filière avec un BTSA Gestion et protection de la nature, une Licence pro environnement, ou aller jusqu’au Master en écologie ou ingénierie écologique. Des spécialisations plus rares existent aussi en hydrobiologie, en gestion des milieux aquatiques ou encore en écologie urbaine. Pour ce qui est de la rémunération, en démarrage de carrière, la moyenne se situe entre 1 800 et 2 200 euros bruts mensuels pour un poste de technicien·ne ou d’animateur·rice nature. Mais avec l’expérience et des responsabilités de coordination, les salaires peuvent atteindre 2 500 à 3 500 euros bruts. Les ingénieur·es et consultants expérimentés peuvent dépasser ces montants, selon les projets et les structures qui les emploient.
Quoi qu’il en soit, les compétences liées à la biodiversité sont amenées également à être de plus en plus demandées dans des métiers autres comme l’agriculture, le bâtiment, l’urbanisme ou le tourisme, qui vont tous devoir apprendre à composer avec le vivant.

Exploratrice RH
Hanna aurait pu être anthropologue, mais elle a préféré observer l’espèce la plus étrange qui soit : l’homo corporatus. Ancienne RH reconvertie en…