300 000 nouveaux diplômés du supérieur entrent chaque année sur le marché du travail, mais comment envisagent-ils leur premier emploi et quelles sont leurs attentes ? L’étude réalisée par JobTeaser, le GenZ Lab et l’EDHEC NewGen Talent Centre parue en février 2025 décrypte les aspirations d’une génération en quête d’un avenir professionnel qui fasse sens. Avec, en toile de fond, la ferme intention de transformer le modèle de l’entreprise.  

Un emploi épanouissant et surtout pas aliénant

Pour 94 % des jeunes talents interrogés, le travail demeure source d’épanouissement personnel. Sans pour autant opposer carrière et bien-être, ils attendent de leur premier poste qu’il leur permette de s’accomplir, humainement comme professionnellement. Et même si 83 % d’entre eux ont une perception positive du monde de l’entreprise, ils le décrivent aussi comme stressant. En tête de leurs priorités : le cadre de travail. Ambiance bienveillante et harmonieuse, équilibre vies professionnelle et personnelle respecté, voilà ce qui prime. La rémunération ne suffit clairement plus à séduire, mais reste néanmoins cruciale puisque jugée décisive tant pour l’attractivité du poste que la fidélisation. Enfin, le sens, demeure déterminant : les jeunes diplômés souhaitent exercer un métier qui ait un impact positif, dans une entreprise alignée avec leurs valeurs.

Le CDI en perte de vitesse

Spoiler : pour la génération Z, le CDI n’est plus la norme ! Car la manière de concevoir la carrière a nettement évolué. Le premier emploi est perçu comme un tremplin, un point de départ, et surtout pas comme un ancrage. En moyenne, les jeunes n’envisagent de rester dans leur premier poste que 18 mois, et à peine 18 % d’entre eux se projettent au-delà de deux années, sachant que 54 % auront même changé d’entreprise voire de métier sous 24 mois. Plus fort encore, un jeune diplômé sur trois n’envisage pas de signer de CDI à la sortie des études ! Les temps auraient donc changé ? Évidemment ! CDD, VIE ou jobs freelance séduisent cette génération, paniquée à l’idée de « s’enfermer » trop tôt. Ce qui pourrait être interprété comme une instabilité cache en réalité une quête de sens et de flexibilité, et l’exploration devient la norme : alors que les profils universitaires souhaitent découvrir de nouveaux secteurs et privilégient les PME, ceux issus des écoles de commerce et d’ingénieurs visent les grandes entreprises, avec une volonté de progression hiérarchique rapide.  

Attirer (et retenir !) les candidats  

Ces mutations du rapport au travail s’imposent comme un véritable casse-tête pour les recruteurs, sommés de se remettre en question. Pour attirer les jeunes talents, proposer un simple poste ne suffit plus, il faut les séduire avec un projet professionnel plus global, et surtout, aligné avec leurs valeurs et leurs attentes. Du sens, de la flexibilité et de la reconnaissance au menu ! Si les professionnels des RH continuent de chercher des profils engagés, curieux et dotés d’un esprit d’équipe, ils se confrontent à des comportements, des visions, qu’ils ont parfois du mal à appréhender : manque d’engagement, difficulté à accepter la hiérarchie et assez faible résistance au stress. Leur défi est donc double : comprendre les aspirations des jeunes diplômés d’un côté, tout en leur offrant un cadre rassurant, structurant et évolutif de l’autre. Parmi les pistes qui permettent de faire coïncider le meilleur de ces deux mondes, l’étude pointe la pertinence de la cohésion intergénérationnelle, via du mentorat inversé ou du job sharing (partage de poste entre un junior et un senior).

Séverine Martin

Journaliste

Séverine explore les domaines de l’économie, de la société, de la culture et des territoires, avec un même fil rouge : rendre l’information…