Générations
Quand une millennial explore le rapport au travail des différentes générations.
Quand mon père, à la retraite depuis désormais sept ans, parle de sa carrière professionnelle, il est toujours fier de préciser qu'il est resté quarante et un ans dans la même entreprise. "Oh, bien entendu, j'ai fait dix-neuf jobs différents dans cette boîte, mais je ne l'ai jamais quittée". Je regarde autour de moi et me demande si je suis la seule à être mi-fascinée par cette fidélité, mi-couverte de frissons à l'idée d'être enfermée dans la même organisation pendant aussi longtemps.
L’effet swipe de Tinder en entreprise
À trente-trois ans, j'ai déjà deux vies professionnelles derrière moi : une de professeure dans l'Éducation Nationale, une autre de salariée - et j'entame tout juste une quatrième, en parallèle de celle de freelance, pour donner des cours de yoga. Mes amis se sont presque tous reconvertis dans une autre branche, et aucun d'entre eux n'a dépassé le cap des cinq ans dans une même entreprise. La génération Y serait-elle donc celle de l'incapacité à s'attacher à une entreprise ? Si l’on s’en tenait à ma vision "tunnelisée", j’aurais tendance à dire que oui. Nous autres, Millennials, sommes la génération des enfants du divorce, et de l’effet swipe de Tinder, qui nous rend inconcevable le fait de se projeter toute une vie avec une seule personne. Pourquoi en serait-il autrement avec nos employeurs ?
Pourtant, une fois n’est pas coutume, les chiffres me font mentir. Un récent sondage OpinionWay repris ici par Le Parisien a interrogé des individus de 18 à 30 ans, et devinez quoi ? Ces jeunes se voient en moyenne rester neuf ans au sein d’une même entreprise. 30 % d’entre eux disent même se projeter toute leur vie dans une même organisation. Gloups. Et d’ailleurs, pourquoi restreindre cette pseudo crise de la fidélité aux jeunes générations ? Il semblerait que nous soyons tous et toutes touchées par l’envie d’embrasser la nouveauté. Après tout, le désir de se sentir plus libre ou de prendre en charge des projets créatifs n’est pas l’apanage des jeunes. C’est ce que prouve une étude LiveCareer, qui dévoile que 48 % des individus de la génération X préfèrent un emploi stable à un travail stimulant… ce qui nous laisse avec une majorité de seniors qui sont plus enclins à aller voir ailleurs s’ils s’ennuient ou manquent de flexibilité dans leur boulot !
Fossé générationnel ?
Mais alors, y a-t-il effectivement ou pas un fossé générationnel quelque part dans ce sujet ? Oui, et ce fossé surgit lorsqu’on observe les baby-boomers. Selon la même étude, il s’agit de la seule génération à choisir la “sécurité de l’emploi” (à 46 %) comme critère important dans leur travail, contre les “perspectives d’évolution” pour les générations X, Y et Z. Et on ne peut pas les blâmer. Dans un monde où il est si difficile de retrouver un emploi en tant que senior, les générations les plus âgées sont plus frileuses face au changement et ont tendance à rester dans leur entreprise en fin de carrière. Une fidélité forcée, en somme. Heureusement, les lignes bougent petit à petit ! Des entreprises comme Jump, une plateforme tout-en-un qui propose tous les avantages du salariat aux freelances (chômage, retraite, mutuelle, aide à l’achat immobilier…), cartonne. Et pour cause : qui ne rêverait pas d’un peu de liberté en toute sécurité ?
La société commence à se remodeler pour que personne ne se sente plus jamais enfermé dans son job, et que la fidélité à une entreprise soit un choix conscient pour chacun. Les entreprises ont donc tout intérêt à mieux développer leurs arguments pour nous conserver dans leurs rangs !

Blogueuse RH & travail
Elle a l’esprit vif et le clavier littéraire dans un gant de velours 2.0. Millenial et fière de l’être, elle scrute avec malice les effets de…
Générations
Millennial née au début des années 90, j'observe avec curiosité comment les générations cohabitent au travail. Je vais à la rencontre de mes aînés et de la Gen Z pour comprendre ce qui façonne notre rapport au travail : aspirations, valeurs, façons de collaborer, habitudes (bonnes et mauvaises). Pourquoi travaillons-nous si différemment ? Qu'est-ce qui nous sépare vraiment... et surtout, qu'est-ce qui pourrait nous rapprocher ? Un regard authentique, sans artifices ni lieux communs.