Melting work
Les inspirations et les modèles dénichés partout dans le monde
Le Brésil ambitionne de devenir le chef de file de la lutte climatique mondiale. À ce titre, le pays s'est fixé un objectif de taille : diminuer d'ici 2035 les émissions nettes de gaz à effet de serre de 67% par rapport à ce qu'elles étaient en 2005. Toutefois, celui qu'on appelle le "poumon vert" de la planète doit composer avec la réalité en faisant coexister ambitions écologiques et développement économique. Pas simple.
L’industrialisation verte : le pari brésilien
Le fil rouge de la stratégie de lutte contre le changement climatique au Brésil, c’est le “Plano Clima” (le plan national sur le changement climatique du Brésil). Pensé pour guider la politique environnementale jusqu’en 2035, ce plan repose sur des stratégies d’atténuation et d’adaptation, sur des approches transversales et sur des plans sectoriels bien spécifiques. Sa force et son originalité résident sans doute dans l’inclusion de toutes les parties prenantes : la société civile, le secteur privé et les collectivités territoriales. Car le Brésil se démarque par un mix énergétique original : avec environ la moitié de son énergie qui est primaire et plus de 80% de ses électricités issues de sources renouvelables, le "pays-continent" est largement au-dessus des moyennes mondiales (respectivement 15% et 29%). Cette stratégie s’appuie sur la création de pôles industriels implantés volontairement près des sources d’énergies renouvelables. À l'instar du Nordeste, région historiquement défavorisée devenue laboratoire de la transition écologique avec 92% de la puissance éolienne qui y est installée.
De la crise pétrolière aux énergies renouvelables : un pragmatisme visionnaire
L’histoire de la transition énergétique brésilienne est singulière. Lors du choc pétrolier des années 70, la flambée des prix du pétrole a poussé le gouvernement à investir massivement dans les biocarburants. Le programme Proalcool, lancé en 1975, a redirigé massivement l’industrie sucrière -centenaire- vers la production d’éthanol. Si bien que le Brésil est devenu le deuxième producteur mondial de ce biocarburant. Face aux épisodes climatiques extrêmes qui frappent de plein fouet le continent - avec des périodes prolongées de sécheresse et la baisse de la production hydroélectrique - le Brésil a fait le choix d’accélérer les investissements dans l’éolien et le solaire. De plus, le développement de projets axés sur les énergies renouvelables n’est pas perçu coûteux puisqu'il génère des résultats économiques tangibles: il stimule l’emploi local (+15,95% dans les municipalités concernées) et dynamise les recettes fiscales. Le bénéfice est bien réel puisque l’économie verte brésilienne devrait permettre de créer plus de 2 millions d'emplois nets d’ici 2030, soit 4 fois plus que l’industrie pétrolière et gazière.
Amazonie et justice sociale : un double défi climatique
Depuis le second mandat de Lula, la déforestation de la forêt amazonienne a chuté de 60% en 2023. Une dynamique qui a poussé le Brésil à imaginer un nouveau modèle économique. En effet, l’Amazonie souffre d’un déficit commercial de 21 milliards d’euros annuels, 83% de sa production (bétail, cultures, bois) – principale cause de déforestation – étant exportée et ne générant que peu de valeur ajoutée localement. Le modèle économique actuel apparaît donc doublement perdant : environnementalement destructeur et économiquement peu rémunérateur. Cependant, la conversion vers une économie verte amazonienne pourrait renverser la vapeur, en créant 312 000 nouveaux emplois, tout en préservant 810 000 km² de forêt primaire. Une transition qui doit cependant prendre en compte les inégalités exacerbées par le dérèglement climatique : 38 millions de Brésiliens souffrent déjà de stress thermique et les populations défavorisées y sont particulièrement exposées.
Pour relever ce défi le gouvernement mise sur sa stratégie de “délocalisation des pouvoirs” qui consiste à rediriger l’industrialisation verte vers les régions historiquement marginalisées (Nord, Nord-est et Centre-ouest). Cette démarche est accompagnée par une politique d’adaptation de compétences dans les secteurs traditionnels. Ne plus considérer la justice sociale comme un obstacle, mais comme une pièce maîtresse de la transition écologique, un pari inspirant pour d’autres pays ?

Exploratrice RH
Hanna aurait pu être anthropologue, mais elle a préféré observer l’espèce la plus étrange qui soit : l’homo corporatus. Ancienne RH reconvertie en…
Melting work
Bienvenue à bord de la chronique qui vous emmène dans les coulisses des entreprises d’ailleurs, là où les cultures se mélangent, innovent et inspirent. Venez explorer les pratiques de travail qui font bouger les lignes à travers le monde. Sans jargon et avec les éclairages des experts en management interculturel, vous découvrirez le travail sous un jour nouveau. Attention au décollage ; gardez la ceinture attachée durant notre voyage car vos certitudes risquent d’être bousculées !