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Article - En immersion

J’ai testé la méthode Montessori avec mes collègues

Une réunion de présentation au travail

J'ai testé pour vous

Une semaine pour expérimenter une habitude ou un mode de travail

Quand on pense à la méthode Montessori, on pense immédiatement à une salle de classe colorée, remplie d’enfants qui choisissent librement leurs activités, guidés par un adulte bienveillant qui observe sans intervenir. Mais que se passerait-il si l’on transposait un tel fonctionnement et de tels principes dans le monde du travail ? L’autonomie, la confiance, la coopération et l’attention portée à l’environnement, au cœur de la pédagogie Montessori, pourraient bien transformer notre manière de collaborer au bureau.


C’est en tombant, encore et encore, sur des vidéos de parentalité via l’algorithme d’Instagram que l’idée m’est venue : pourquoi ne pas expérimenter la méthode Montessori avec mes collègues ? Pendant une semaine, j’ai décidé de la mettre en pratique pour voir ce qu’elle pourrait apporter à notre quotidien professionnel.

Jours 1 - 2 : je laisse faire, sans trop intervenir

Dès le lundi matin, je m’attaque au premier principe : l’autonomie. Plutôt que de lancer la semaine avec mon habituelle liste de tâches à effectuer (et les briefs, deadlines et instructions qui vont avec), j’évoque plus largement les sujets du moment et propose à l’équipe de choisir librement ses actions en fonction des envies, de l’énergie et de ce qui lui semble le plus important.

Certains collaborateurs adorent. D’autres, un peu moins. Un collègue m’avoue : « Mais comment je sais si je fais les bonnes choses ? ». Habitué à un cadre très précis, il a du mal dès que les consignes disparaissent. Pour se rassurer, il se lance dans des tâches inutiles et planifie deux réunions sans objectifs réels ; à deux doigts du "task masking". Cette réaction me rappelle la part du « work about work » dans le quotidien, et me questionne sur notre effroyable capacité à perdre toute logique ou bon sens une fois le costume enfilé. Faire et défaire, c’est toujours travailler.

À deux bureaux de lui, une autre collègue se lance à corps perdu dans un projet « plaisir », au ROI largement discutable.

Mardi je n’interviens pas lors d’un point d’équipe, à moins qu’on ne me sollicite. J’observe, mais n’interromps personne. Je réponds à une question par une autre, pour pousser mes collègues à prendre seuls des décisions.

Jours 3 - 4 : un cadre qui libère

Mercredi, je m’inspire d’un autre principe #montessori   : l’environnement comme outil d’apprentissage. Je reste un peu limité dans l’open space mais j’arrive à créer un coin « créatif » avec du matériel en accès libre : feutres, post-its, cartes de logique, tableau blanc…

Je n’impose rien, je propose. Les réactions sont timides. Je crois qu’un collègue – totalement désintéressé par mon approche - a deviné mon double jeu en sous-entendant que je vais avoir besoin de plus d’une semaine pour appliquer des principes d’éducation à des adultes.

Jeudi, je teste le principe de l’auto-évaluation : lors du daily, je demande à chacun de faire un point sur ses réussites de la semaine, ses difficultés et ses besoins. Je suis agréablement surpris par un échange sincère, alors même que certains collaborateurs tendent la main pour aider sur des points de blocage.

Jour 5 : de la pédagogie… à la coopération

Vendredi, je termine mon expérience par un atelier collaboratif inspiré de Montessori, durant lequel je demande à chacune et chacun de choisir une action pour améliorer notre fonctionnement d’équipe. Zéro directive, 100 % initiative. Un résultat intéressant se détache avec une collaboratrice qui suggère de consolider plusieurs tableaux de données pour simplifier notre suivi au quotidien. 
En fin de journée, je découvre que mon test aura réussi à fédérer mes collègues sur un sujet : toutes et tous s’accordent à me dire qu’il faut que j’arrête les expériences stupides.

Je quitte le bureau en les félicitant pour cette semaine, et entre rires et regards noirs, je leur souhaite un bon weekend. Sous les huées (ou presque), je leur rappelle que j’ai pleine confiance en eux pour qu’ils deviennent des moteurs du changement.

Bilan du test

Alors, transposer la méthode Montessori sur des adultes et dans le  monde du travail, est-ce que ça fonctionne ? Vous aurez compris que mes collègues ont facilement décortiqué mon approche, mais il n’empêche, plus sérieusement, qu’il y a des principes de cette pédagogie qui méritent d’être explorés dans nos quotidiens pro. Pour les plus téméraires, voici quelques conseils :

  • Encourager l’autonomie : moins de directives et plus de directions !
  • Proposer un environnement de travail modulable, qui favorise la concentration et la créativité.
  • Favoriser l’auto-évaluation à travers des temps d’échange où chacun peut s’exprimer sur ses ressentis, ses réussites et ses blocages.
  • Laisser de la place aux initiatives (car on est souvent surpris) en explicitant la possibilité.

Oui, c’est amusant laisser ses collègues choisir librement leurs tâches comme dans une salle de classe, de créer des coins créatifs avec des post-its comme si c’étaient des cubes sensoriels. Mais la « méthode » trouve vite ses limites dans un environnement pro qui impose souvent des objectifs et des deadlines.

Cela dit, il y a des idées à piocher. Redonner un peu d’autonomie, faire confiance, soigner l’environnement de travail… Et vous, seriez-vous disposés à appliquer ce principe aux grands enfants que nous sommes souvent tous restés ?
 

Rédacteur

Hadrien explore les dynamiques du quotidien pro avec un regard affûté et une plume sans détour. Il s’intéresse avant tout à l’expérience vécue en…

J'ai testé pour vous

Et si on continuait à tester ensemble d’autres façons de travailler ? Quelque chose me dit que je ne suis pas seul à avoir envie d’expérimenter, concrètement ! Rendez-vous dans une prochaine chronique pour une nouvelle plongée au cœur du monde professionnel. Je partage avec vous mes expériences, mes émotions et mon analyse. 

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