J'ai testé pour vous
Une semaine pour expérimenter une habitude ou un mode de travail
On ne va pas se mentir, il y a toujours une tâche que l’on est tenté de repousser. Quasi-indéfiniment et souvent sans raison claire. Un mail pénible, un document à actualiser, un appel à passer. Ce fameux truc qui traîne sur notre to-do-list, comme un plat froid qu’on n’a pas envie de manger.
Pour faire face à cet étrange mécanisme, il y a ceux qui se mettent en action, « comme ça, c’est fait » (cette expression me fascine) et il y a ceux qui repoussent encore. Comme je fais partie du second camp, j’ai décidé de tester pour vous la méthode Eat the Frog. L’idée ? Manger le crapaud - ou la grenouille selon les goûts - en premier. Autrement dit : attaquer dès le matin la tâche la plus importante ou la plus désagréable. Le reste de la journée en serait facilité. Déjà pas fan des cuisses de grenouille, je sens que je vais passer une mauvaise semaine.
Jours 1-2 : du crapaud en entrée, miam !
Lundi matin, je commence fort : dès 8h30 je m’attaque à un rapport que je repousse déjà depuis deux semaines. Pas de mail, pas de doomscrolling sur LinkedIn, je saute même la première tasse de café et plonge direct dans la grande mare. Mon cerveau n’est manifestement pas prêt. C’est douloureux. Mais deux heures plus tard, c’est fait. Le rapport est là. Le café que je bois pendant la relecture a une saveur particulière, celle du soulagement. Le reste de la journée me semble étrangement plus fluide, comme si j’avais désamorcé une petite bombe mentale. Je réitère le mardi matin, avec cette fois, un coup de fil difficile à passer. Même recette, même résultat : je me sens plus léger, plus productif, et même un peu fier de moi. J’en viens presque à attendre ce moment dans la matinée où il y a un peu d’adrénaline quand j’ai fini de manger mon crapaud.
Jours 3-4 : un plat au crapaud, encore ?
Dès le mercredi, je me rends compte que la méthode demande quand même un sacré paquet d’énergie. Là, franchement, j’ai juste envie d’un p’tit déj de mails faciles à digérer et de tâches secondaires. Résister à cette tentation demande un peu de discipline. Je tente quand même de me lancer dans la rédaction d’un dossier stratégique… Après quelques bouchées, mon efficacité monte en flèche, mais je termine la matinée complètement vidé. Jeudi, j’essaie de tricher : je mange un "mini-crapaud", une tâche moyenne que je fais passer pour une prioritaire. Bon, ça n’a pas le même effet. La méthode fonctionne quand on joue vraiment le jeu, et là j’ai toujours en tête ce projet de fond : un bilan à préparer sur un projet qui n’a pas vraiment fonctionné. Le voilà mon crapaud du jour, et je l’entends bien coasser.
Jour 5 : sans dessert, l’addition, merci.
Vendredi, je fais le bilan, calmement. Oui, la méthode Eat the Frog est efficace. Oui, elle donne un sentiment de maîtrise, de productivité, et même de liberté une fois le crapaud dévoré. Mais elle ne convient pas à tous les profils, ni à tous les contextes. Il faut savoir identifier le vrai crapaud du jour, et surtout bien gérer son énergie. Le faire cinq jours de suite peut devenir épuisant. Mais une ou deux fois par semaine, sur des tâches vraiment bloquantes, là c’est redoutablement efficace. Je me suis aussi rendu compte qu’un crapaud en chasse un autre (cette allégorie devient lassante, je vais arrêter là) et qu’il y a quand même une part de moi qui aime bien avoir toujours une tâche désagréable en fond.
Bilan du test
- Si vous souhaitez aussi tester la méthode, je vous invite à suivre quelques conseils issus de ma semaine d’expérimentation :
- Repérez la bonne tâche car ce n’est pas forcément celle qui vous déplaît le plus, ni la plus longue, mais celle qui a le plus d’impact. Souvent, c’est celle qui traîne depuis un moment, sous un prétexte douteux.
- Organisez bien votre matinée pour ne pas subir trop d’interruptions ou de réunions. Pour moi, ça n’a marché qu’en accordant vraiment un temps dédié à la tâche.
- Attention à l’indigestion ! N’abusez pas de crapauds et réservez cette méthode aux moments où vous sentez que la procrastination devient un frein.
- Célébrez les petites réussites du quotidien avec un petit plaisir une fois le crapaud avalé. Une pause, un petit café ou un feedback à un collègue permettent d’ancrer un sentiment positif à la fin du « repas ».
- Rebutant au premier abord, ce crapaud est finalement plutôt bon, consommé avec modération. Alors, ça vous tente ?
J’ai testé pour vous. Et si on continuait à tester ensemble d’autres façons de travailler ? Quelque chose me dit que je ne suis pas seul à avoir envie d’expérimenter, concrètement ! Rendez-vous dans une prochaine chronique pour une nouvelle plongée au cœur du monde professionnel. Je partage avec vous mes expériences, mes émotions et mon analyse. |

Blogueur eurécien
Avec un regard affûté et une plume sans détour, Hadrien s’intéresse avant tout à l’expérience vécue en entreprise : les interactions entre collègues…
J'ai testé pour vous
Et si on continuait à tester ensemble d’autres façons de travailler ? Quelque chose me dit que je ne suis pas seul à avoir envie d’expérimenter, concrètement ! Rendez-vous dans une prochaine chronique pour une nouvelle plongée au cœur du monde professionnel. Je partage avec vous mes expériences, mes émotions et mon analyse.