À la loupe
Chaque semaine ce que nous disent les chiffres et les études sur le monde du travail
Née avec la digitalisation, la Génération Z (ou GenZ ) – entendons les natifs de la fin des années 90 jusqu’au début des années 2010 – a fait naturellement sienne l’intelligence artificielle générative (IAG). Selon le Baromètre Talents 2024 SKEMA x EY, 85 % des étudiants interrogés expliquent avoir déjà utilisé ChatGPT en à peine un an d’existence, et 64 % estiment qu’ils y recourront forcément dans leur premier emploi.
L’IAG redessine les contours de l’intégration professionnelle
Elle constitue en réalité un précieux allié pour cette nouvelle génération qui fait ses premiers pas sur le marché du travail. Bien au-delà des usages individuels, l’IAG se pose en véritable outil au service d’une intégration professionnelle améliorée. 87% des interrogés estiment qu’elle permet de gagner du temps, 88% d’automatiser des tâches, 84% d’analyser plus vite et de stimuler la créativité. Plus globalement, 59 % sont favorables à son utilisation quotidienne. D’ailleurs, cette maîtrise technologique est en passe de devenir un critère différenciant à l’embauche, puisque les certifications IA constituent de réels atouts sur un CV. L’IAG serait-elle alors un accélérateur de connaissances et de compétences utile à la progression professionnelle ? Assurément ! Et voilà qui colle parfaitement à la vision évolutive et non linéaire du travail qui caractérise cette Génération Z, pour qui la multiplicité des expériences est en réalité un mode de vie.
Une « GenZ » qui reste vigilante
Hyper connectée et en quête de sens dans son rapport au travail, l’enthousiasme de la Génération Z pour l’IAG est à relativiser. Loin d’être naïfs, 83 % des étudiants questionnés y voient d’abord une opportunité pour les entreprises, et seulement 51 % d’entre eux estiment qu’elle profite véritablement au marché de l’emploi. À ce titre, 80 % pointent des enjeux éthiques alors que 51 % craignent même un renforcement des inégalités. En effet, un tiers des étudiants ne se sent pas encore prêt, au sens de mûr, à l’utiliser dans un cadre professionnel. Ce qui explique les nombreuses espérances en matière de formation, l’IA étant perçue comme un acquis à posséder dès son entrée dans la vie active : pour ce faire, 76 % misent sur l’école et 65 % sur le futur employeur. Enfin, au-delà de l’outil et de sa maîtrise, ce sont des attentes autour d’un encadrement des « bonnes » pratiques dans l’entreprise qui sont pointées. Qui a dit que la GenZ n’était pas réfléchie ?
L’IAG, alliée des employeurs pour fidéliser les collaborateurs et collaboratrices ?
Alors que 48 % des étudiants ne se projettent pas plus de deux ans dans leur premier poste, l’IAG peut être LA réponse à un large spectre d’attentes : apprendre rapidement, obtenir des missions stimulantes et favoriser l’évolution au sein de l’entreprise. Preuve en est avec ce chiffre qui vient contrecarrer les croyances, puisque 49 % des sondés expliquent qu’une progression dans les responsabilités est un facteur de fidélisation, devant l’équilibre de vie pour 33 % et l’ambiance de travail pour 31 %. Dans le monde de l’entreprise où l’engagement des collaborateurs se construit autour du sens des missions proposées et des outils mis à disposition, l’IAG peut servir de lien entre les aspirations individuelles et les enjeux organisationnels auxquels sont de plus en plus confrontés les dirigeants et les services RH. Si elle est intégrée aux usages avec pédagogie et transparence, qu’elle est encadrée et utilisée à bon escient, l’IAG peut même permettre d’être un marqueur fort de la fameuse « culture d’entreprise », dont on ne cesse d’imaginer – à tort visiblement - qu’elle est vide de sens pour cette Génération Z.
Journaliste
Séverine est journaliste généraliste indépendante collaborant avec divers médias régionaux et nationaux, comme le Figaro Magazine, Madame Figaro,…
