35 heures et des poussettes
Le monde des parents qui tentent de maintenir l’équilibre entre carrière et parentalité
Petit retour en 2020. Je tombe un soir sur l'émission Cash Investigation consacrée aux inégalités salariales entre les femmes et les homme, et une information m'interpelle particulièrement : l'écart de salaire entre les unes et les autres se creuse nettement à l’âge où l’on devient parent. La courbe du salaire des femmes commence à stagner puis à baisser aux alentours de 30 ans tandis que celle des hommes prend petit à petit son envol.
J’allais bientôt devenir mère lorsque j’ai visionné ce reportage. Et ce graphique m’a marquée.
Une “apparente égalité”
Qu'est-ce qui se cache derrière la courbe des femmes à l’âge où elles commencent à faire des enfants ? Le congé maternité, l’allaitement, le temps partiel, les réunions à 18 heures où l’on ne peut plus être, les horaires qui doivent désormais matcher avec les nounous, l’école et les rendez-vous pédiatres… Je le sais, certains pourraient crier à l’injustice : « Le père de mes enfants les emmène à l’école », « mon mari va aux rendez-vous pédiatre », « je suis père et je vais au parc chaque jour avec mes enfants »... Encore récemment, une femme qui analysait simplement une situation sur LinkedIn a vu son profil banni à cause des commentaires injurieux qu’elle a reçus par centaine. Elle disait en substance que les pères ont tendance à emmener les enfants à l’école et que les mères vont les chercher : d’après elle, cette apparente égalité masque une autre réalité. En effet, toujours selon elle, les réunions importantes au travail et les moments de « réseautage » qui peuvent être décisifs pour développer sa carrière ont plutôt lieu en fin de journée. Que l’on soit d’accord ou pas avec elle, les chiffres parlent d’eux-mêmes et le reportage de 2020 pourrait malheureusement encore être diffusé aujourd’hui. Dans le secteur privé, les femmes gagnent 23,5 % de moins que les hommes en moyenne. Plus d’une femme sur quatre travaille à temps partiel, ce qui n’est le cas que de moins de 10 % des hommes. Et les femmes assurent plus des 3/4 du travail domestique non rémunéré.
Bref, le tableau n’est pas glorieux.
La parentalité, une opportunité pour la carrière ?
En 2020, je me souviens avoir pensé que ma carrière allait prendre un sérieux coup au moment où j’allais entrer dans le monde de la maternité. Pourtant, c’est tout l’inverse qui s’est produit. La naissance de mon fils m’a donné l’impulsion qui manquait pour combattre ce sentiment d’imposture que je traînais depuis des années et me lancer enfin dans l’entrepreneuriat. Avant lui, je n’avais jamais été aussi efficace au travail, aussi organisée. En deux heures, j’étais capable d’effectuer une tâche qui me prenait le double de temps auparavant.
Je parle ici de mon cas, mais de nombreuses femmes font mentir les chiffres et voient leur carrière décoller après la naissance de leurs enfants. On peut évoquer le cas d’Allison Cavaillé, cette aide-soignante qui, en allaitant son troisième enfant, a eu l’idée de couper au ciseau les t-shirts de son mari pour donner le sein plus facilement. Quelques semaines plus tard naissait la première marque de vêtements d’allaitement française, TajineBanane. Un succès incontestable. Ou encore Salomé Géraud, co-fondatrice de l’enseigne Le Drive Tout Nu, qui vient de boucler une nouvelle de 7 millions d’euros et qui développe l’entreprise tout en ayant trois enfants rapprochés. Au-delà de l’entrepreneuriat, on a toutes et tous des exemples de femmes salariées dont la carrière a décollé après être devenues mères.
Bien qu’interdite, on sait que la question « souhaitez-vous avoir des enfants ? » continue parfois d'être posée lors des entretiens d’embauche. Les recruteurs qui le font voient alors les enfants comme un frein. Je fais partie des personnes qui pensent que ce n’en est pas un. Au contraire, c’est une opportunité. Celle de devenir une meilleure version de soi-même, dans sa vie personnelle comme dans sa carrière.
Alors pour faire bouger les chiffres, peut-être faut-il d’abord faire bouger les mentalités.

Communicante et rédactrice
Quand elle est tombée enceinte de son premier enfant, Sophie Franco pensait qu’elle allait avoir la même vie qu'avant. Avec juste “un enfant en plus…
35 heures et des poussettes
Vous jonglez entre réunions et changements de couches ? Vous négociez des contrats tout en faisant les devoirs préparant des biberons ? Cette chronique est faite pour vous ! Plongez dans le grand bain de la parentalité où carrière et famille se disputent la vedette. Rejoignez-nous pour des discussions franches, des astuces pratiques et une bonne dose d'humour.