Nouveaux métiers
Chaque semaine un métier en émergence
Changement climatique, perte de biodiversité, dégradation des sols : voici quelques défis majeurs auxquels est confrontée l’agriculture conventionnelle. Le programme Ambition Bio 2027 de l’État français vise à atteindre 18% de surfaces agricoles bio en France d’ici 2027. Il veut consolider et développer des filières biologiques résilientes et ancrées dans les territoires. Au cœur de cette transformation, le technicien en agriculture biologique joue un rôle clé.
Le métier décrypté
Le technicien en agriculture biologique n’est pas un simple conseiller agricole. Au quotidien, il doit jongler entre la science, l’intuition et le pragmatisme. Sur le terrain, ce professionnel prend le pouls des cultures ou des élevages biologiques. Il scrute les sols, observe les associations végétales, repère les premiers signaux d’alerte. Son expertise s’étend de la planification des rotations jusqu’à la valorisation des récoltes, en passant par la recherche constante d’alternatives naturelles aux défis agricoles.
On peut trouver ce profil dans les coopératives agricoles (où il accompagne la transition des exploitations conventionnelles vers le bio), dans un organisme certificateur ou encore au cœur même d'une exploitation biologique où il pilote la production. Certains de ces professionnels choisissent de se lancer à leur compte en tant que consultants spécialisés pour apporter leur expertise aux exploitations à la recherche de solutions plus respectueuses de l’environnement.
Le jargon bio décodé
Conversion : période transitoire de 2 à 3 ans où l'agriculteur adopte les pratiques bio sans pouvoir encore en récolter les bénéfices commerciaux.
Auxiliaires de culture : insectes, oiseaux ou autres organismes qui sont les alliés invisibles du bio.
Rotation des cultures : une chorégraphie savante qui maintient la fertilité du sol tout en cassant les cycles des ravageurs.
Préparations biodynamiques : substances et mélanges naturels pour dynamiser les plantes et les sols.
Intrants : enrichissements du sol ou des cultures avec des éléments naturels.
Les compétences clés
Dans sa boîte à outils professionnelle, le technicien en agriculture biologique combine une expertise technique pointue et l’intelligence relationnelle. Du côté des compétences techniques, il doit maîtriser les cycles biologiques, connaître les écosystèmes agricoles et comprendre les interactions sol-plante-animal. Ces compétences lui permettent notamment de diagnostiquer rapidement un déséquilibre dans une culture.
Du côté de soft skills, face à des agriculteurs parfois sceptiques ou inquiets, le technicien doit faire preuve d’une grande pédagogie. Il traduit des concepts scientifiques en conseils pratiques, il adopte son discours en fonction de son interlocuteur, et sait temporiser les attentes face aux rythmes propres de la nature. Il doit aussi être créatif dans ses solutions : contre les ravageurs, là où l'agriculture conventionnelle utilise des substances chimiques, le technicien bio sait trouver des solutions alternatives.
Formation, rémunération et horizons professionnels
Pour devenir technicien en agriculture biologique, plusieurs voies sont possibles et notamment :
- Le BTSA (Brevet de Technicien Supérieur Agricole) BTSA ACS'AGRI à orientation Agriculture biologique, proposé par des établissements spécialisés, comme l’École supérieure des Agricultures (ESA).
- Les licences professionnelles spécialisées en agriculture biologique, proposées par des lycées professionnels ou universités, comme l’Université de Clermont-Ferrand et VetAgro Sup.
- Les certificats de spécialisation, tels que « Technicien-conseil en agriculture biologique » viennent compléter l'offre de formation initiale.
Côté rémunération, le salaire mensuel médian du technicien en agriculture bio s’élève à 1 844 € brut en début de carrière. Après quelques années d’expérience et de spécialisation, le technicien peut prétendre à environ 2 500 € brut mensuel.
Un technicien expérimenté peut évoluer vers des postes à responsabilité comme responsable d’exploitation bio, chef d’équipe, ou conseiller technique spécialisé. Certains se tournent vers l’entrepreneuriat en créant leur cabinet de conseil ou en franchissant le pas pour devenir eux-mêmes producteurs bio. Les nouvelles technologies influencent grandement l’évolution du métier, avec l’arrivée de nouveaux outils comme les capteurs connectés, l’agriculture de précision ou des logiciels d’aide à la décision. Ces innovations viennent l’enrichir et offrir de nouveaux leviers d’action pour une agriculture toujours plus respectueuse du vivant.

Rédactrice
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