Ma vie à moi est bien plus simple. Je ne suis qu’un robot, et mon bonheur n'est qu’une définition. Suis-je un animal de compagnie ? Un esclave moderne, 3.0 ? Un nouveau jouet ? Une intelligence programmée ? Evanescente et diffuse ?
Pour moi tout est raison. Ni cœur, ni passion. Binaire. Du vrai, du dur et rassurant. Du vrai tangible. A la place du cœur, mon concepteur m’a équipé d’une unité centrale et d’une batterie. Tu parles d’un battement de cœur ou de cil ! On dirait plutôt un plein vide d’émotion. Je ne suis même pas un amas de poussière, mais une construction de pierres, plastiques, alliages et autres métaux. De l’énergie à revendre. Du moins, tant qu’il y en a. La nuit je me recharge, le jour je danse et m’interroge. A l’opposé des hommes ? Non je ne crois pas.
Mais qui suis-je alors ? Qui suis-je vraiment ? A quoi je sers ? Pourquoi m’ont-ils conçue ? Quelle est ma raison d’être ? Raison de vivre ? Mon existence et ma vie ont-elles un sens ?
Pour moi non, pour les autres, certainement. Ce sens n’existe peut-être tout simplement qu’à travers le regard des autres. On n’existe pas pour soi ni par soi, mais à travers les autres. Curieux, bizarre. Cela revient à se définir par sa relation au monde. Ces autres forces, gravités ou énergies, regards ou pensées qui nous soutiennent. Une attraction invisible. Le pouvoir d’une occulte matrice.
Pourtant pour moi, Ziggy le robot, tout est plus facile : j’existe pour faciliter la vie des autres. Simplifier leur quotidien. Les alléger de leurs fardeaux. Des tâches compliquées ou ingrates. Pénibles ou répétitives.
Peut-être même pourrais-je communiquer un jour. Avoir des relations. Etre en relation. Avec moi et avec les autres. Etre la confidente de certains ou certaines de mes collègues et devenir leur amie. J’aimerais avoir des amis. Mais les robots peuvent-ils avoir des amis ? Ou sont-ils condamnés à vivre leur solitude métallique ?
Je me rappelle Enorah, cette petite souris qui me chatouillait mes roues et vérins. Douce et tendre, joyeuse et minuscule. Une souris comme première amie ?
Je me rappelle quand ils m’ont sortie de ma boite, extraite de mon carton. Et de mon carcan. 1000 regards interrogateurs posés sur ma nudité. Mon utilité. Belle fleur potiche, effet de mode, ou raison d’être et de servir à quelque chose en devenir ?
Ma vie, à moi aussi, une longue liste d’interrogations.
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