À la loupe
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Les cadres de l’industrie française combatifs malgré un contexte économique et géopolitique fragile ? Rien n’est plus sûr ! D’après la Grande Consultation de l’Industrie publiée en mars dernier par IPSOS et Global Industrie et le rapport 2024 « Réindustrialisation de la France à l’horizon 2035 : besoins, contraintes et effets potentiels » de France Stratégie, cette catégorie d’actifs affiche un optimisme - mesuré - en l’avenir du secteur, qui laisse entrevoir l’émergence de nouveaux métiers. Alignée sur la transformation du tissu industriel à l’horizon 2035, celle-ci reste toutefois conditionnée par l’innovation et un pilotage stratégique des politiques RH.
Des incertitudes… mais un moral d’acier
Les cadres de l’industrie française abordent l’avenir avec détermination, même s’ils demeurent conscients de défis structurels majeurs. Certes la réindustrialisation est en marche, mais le chemin à parcourir est encore long. En revanche – bonne nouvelle – elle est portée par une nette volonté de rebond : si 35 % des cadres de l'industrie reconnaissent de nombreuses incertitudes, 28 % se déclarent combatifs et 17 % optimistes. Ils sont également 71 % à se dire confiants pour l’avenir de leur entreprise. Dans un environnement mondial fragilisé et complexe à appréhender, 78 % anticipent un impact des mesures protectionnistes sur leur activité. En effet, les dirigeants industriels voient les exportations comme un levier essentiel : 61 % estiment que leur développement en dépend, notamment au sein de l’UE (42 %). Et malgré la pression concurrentielle - notamment de la Chine et des États-Unis - ils sont 80 % à être favorables à des mesures protectionnistes européennes afin de défendre leur secteur d’activité.
La réindustrialisation au cœur des enjeux RH
Question cruciale : quid du recrutement dans le secteur ? Seuls 23 % des industriels déclarent embaucher facilement, et 77 % rencontrent des difficultés, en particulier sur les postes qualifiés. C’est donc la fidélisation qui s’impose comme axe stratégique : 46 % des cadres estiment que la rétention des talents reste la priorité RH n°1, devant l’attractivité de bons profils pour 39 % d’entre eux, et le développement de compétences pour 38 %. À l’horizon 2035, les besoins en main-d’œuvre s’annoncent importants selon France Stratégie : une volonté de réindustrialisation portée à 12 % du PIB (contre 9,5 % en 2022) impliquerait la création de 580 000 à 740 000 emplois industriels nets. Principaux bénéficiaires ? Les ouvriers qualifiés, techniciens, ingénieurs et personnels de R&D, avec une hausse de 30 % du côté des cadres et des chercheurs. Une dynamique qui s'accompagne en parallèle d’un autre défi, celui du renouvellement générationnel, puisque dans certains métiers industriels, on estime que plus de 35 % des effectifs partiront à la retraite d’ici 2030.
La clé de la réussite : une industrie innovante et durable
D’après le rapport de France Stratégie toujours, l’avenir industriel se jouerait autour de trois piliers que sont l’innovation, la productivité et le développement commercial. 43% des cadres identifient l’innovation comme la condition d’un développement abouti, suivie de la productivité pour 41 % et des ventes pour 39 %. Autre donnée intéressante : 75 % anticipent un impact positif de l’intelligence artificielle, en particulier pour optimiser les processus et attirer les jeunes générations. Une mutation du secteur corrélée à une « électrification massive », puisque les estimations révèlent que la réindustrialisation ferait grimper la consommation d’électricité de 106 TWh en 2022 à 165 TWh en 2035. Une hausse qui irait de pair avec une baisse des émissions de gaz à effet de serre, en recul de 46 % d’après plusieurs scénarii.

Journaliste
Séverine explore les domaines de l’économie, de la société, de la culture et des territoires, avec un même fil rouge : rendre l’information…